JE VIENS DE MATER UN FILM !
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Je me suis fait la même remarque (mais je ne l'ai pas encore vu) en voyant l'affiche... "ha un nanar d'exorcisme" et ensuite j'ai vu Russel Crowe... ha ça pourrait être sympa à voir finalement.
on-off- Docteur *
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Gilles_fx a écrit:Bonsoir, je viens de regarder Tetris sur Apple TV+; c'était de la bombe.
ah bah il est sur Canal+ du coup ! je vais le regarder.... j'ai peur d'une réalité alternative....
_______________________________________________________
Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
drfloyd a écrit:Gilles_fx a écrit:Bonsoir, je viens de regarder Tetris sur Apple TV+; c'était de la bombe.
ah bah il est sur Canal+ du coup ! je vais le regarder.... j'ai peur d'une réalité alternative....
Perso j'ai détesté ce tetris.
jeff buckley- Guéri miraculeux
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
J'ai vu SCREAM VI ces dernières heures et...c'est tiède.
Les premières minutes envoient du lourd et puis, que dalle !
Ou presque.
C'est bien filmé, et certaines séquences sont efficaces (le métro...) mais les motivations deviennent abracadabrantesque et on a, la méchante impression d'avoir fait le tour.
Le plus effrayant restant le botox de Courtney Cox.
dami1- Interne
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Je viens de mater Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve ...
Dans tous ses écrits, les questionnements philosophiques sont la marque de fabrique de Philip K Dick. "Qu’est-ce qu’un être humain?" et "Qu'est-ce que la réalité?", c'est par ces deux questions là, mais surtout la première, qu'il faut aborder Blade Runner et sa suite Blade Runner 2049. Ce qui est sûr, c'est que pour Philip K Dick les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent. Nos sens nous fourvoient et notre cerveau surinterprète.
Le sujet qui est au centre de tout dans Blade Runner 2049, c'est le sujet de la création de la vie et de ce qui différencie les humains des réplicants. La frontière qui les sépare est remise en cause par l'idée que deux androïdes puissent procréer et donner naissance à un autre androïde. Si les androïdes peuvent procréer entre eux, peut-on encore parler de "machines" ? Qu'est ce qui différencie un humain d'un androïde, si tous deux peuvent procréer ? Au delà de ces questions, la saga Blade Runner laisse libre cours à l'interprétation. Et surtout, l'esthétique très soignée des deux films donne un second degré aux scènes fortement contemplatives. Ainsi, le personnage de Wallace aveugle (Jared Leto) représente clairement une divinité (il vit dans une sorte de temple et nomme ses androïdes des anges) et porte un regard intéressant sur l'humanité.
D'ailleurs, il y a un fort symbolisme des yeux dans Blade Runner. Le film commence par un gros plan sur un œil qui représente l'âme. Et l'âme, c'est ce qui différencie les humains (qui en ont une) des androïdes (qui n'en ont pas). Le fameux test du Voight-Kampff (inspiré du test de Turing) pour savoir si on est face à un répliquant ou à un humain, consiste à observer l’œil de la personne, les yeux rouges étant le signe distinctif des réplicants. Wallace est aveugle, ce qui signifie qu'il a perdu son âme et qu'il ne "voit" le monde qu'a travers les machines (des drones oculaires). C'est d'ailleurs assez ironique que Wallace soit aveugle, alors que Tyrell est mort en se faisant crever les yeux dans le premier film. Et quand Deckard (Harrison Ford) dit "Elle avait les yeux verts" en voyant le réplicant de Rachel, c'est pour signifier que malgré toute la technologie que possède Wallace, il est incapable de reproduire l’âme (c'est à dire les yeux). Et pour finir, l’hologramme de Joi (Ana de Armas) sur l’immense panneau publicitaire à les yeux noirs, signifiant qu'on peut lui attribuer la personnalité (ou l'âme) que l'on veut.
A savoir que le scénario de Blade Runner 2049 repose sur le fait que Deckard soit bien un réplicant. La scène de la licorne à été tourné durant le tournage du premier Blade Runner, c'était donc prévu depuis longtemps et Ridley Scott ne l'a pas rajouté par hasard dans sa director's cut. Ce n'est pas un simple caprice du réalisateur, pour faire son George Lucas. C'est juste que l'hypothèse que Deckard soit un répliquant, était tout simplement pensé dés le départ, dés la mise en production du premier film.
Dans Blade Runner 2049, une des scènes les plus touchantes et marquantes pour moi, c'est le moment où K (Ryan Gosling) est perdu après avoir compris que "l'enfant élu" ce n'était pas lui. Il marche seul dans la ville et se retrouve face au produit publicitaire "l'hologramme de Joi" qui vante les mérite de sa femme. Elle s'adresse à lui, telle une inconnue et l'appelle même Joe. A ce moment là, je pense que le personnage est vraiment mort intérieurement. Il se rend compte que ce qu'il avait potentiellement perçu comme un véritable amour, sincère et unique, n'était peut-être qu'une chose formatée, un code informatique pour faire croire à l'amour. Elle aurait pu l'appeler Brad, Tom, Mike ... mais voilà, elle l'a appelé Joe, comme tous ses clones. Ce qu'il a vécu avec elle, ce n'était que du fake, comme ses souvenirs et sa vie. il en vient même à redevenir pleinement ce qu'il était au départ, un réplicant qui exécute sa mission sans poser de question, étant donné que c'est uniquement ce qu'il est ... un réplicant. La femme leader de la rébellion et l'hologramme de Joi brisent son rêve d'accession à l'humanité. Et c'est paradoxalement en se mettant en danger pour sauver Deckard, jusqu'à même se sacrifier, qu'il se montre alors plus humain qu'il ne l'a jamais été.
Mais Blade Runner 2049 ne serait-il pas un souvenir fabriqué pour nous, simple spectateur du film ? L'hypothèse est intéressante, tout le film serait alors une mise en abîme nous faisant croire que ce monde fabriqué est réel. En ce sens, toute l'histoire, englobant Blade Runner et sa suite, ne serait qu'un rêve élaboré par cette jeune fille retranchée du monde, dans sa bulle (et qui ne révèlera sa véritable identité que sur la toute fin). Ainsi, le monde de Deckard et de K n'est pas réel et c'est elle, la véritable créatrice de ce monde. On est en quelque sorte dans un film dans le film.
K est un personnage en quête d'identité, qui est ramené à sa simple identité de réplicant. Contrairement à ce qu'aime lui faire croire Joi, en lui répétant qu'il est spécial, il n'est rien de plus qu'une "machine". L'hologramme de Joi apparait tout au long du film sur des panneaux publicitaires, cherchant toujours à flatter notre égo en n'hésitant pas à toucher à notre intime et nous faisant croire que nous sommes spéciaux ... alors que nous faisons face à une simple publicité. D'ailleurs, la femme leader du groupuscule n'hésite pas à lui rappeler son simple statut de réplicant, quand elle lui dit en parlant de l'enfant élu "Nous aimerions tous l'être". Oui nous aimerions tous être "spécial", unique et avoir une réelle emprise sur sa vie.
Enfin, je pense que la solitude et la quête de sens sont des expériences fondamentalement humaines. Je pense même que ce sont les sujets de réflexions les plus importants, après la peur de de la mort, thème exploré dans le premier Blade Runner. Joe/K meurt dans sa quête de rébellion contre le système. Il meurt pour avoir été coupable d'une seule chose, d'avoir été humain. Un parallèle très intéressant peut être fait avec Le Procès d'Orson Welles (et de Franz Kafka), où le personnage principal Joseph K. (Joe étant curieusement le diminutif de Joseph) est condamné à mort, jugé coupable lui aussi d'avoir été trop humain.
C'est pourquoi je trouve excellent que ces thématiques aient été aussi ainsi bien traitées par Denis Villeneuve. Y avait-il vraiment un intérêt à faire une suite de Blade Runner? Oui c'est suite a du sens et c'est une belle suite aux propos de Ridley Scott.
Dans tous ses écrits, les questionnements philosophiques sont la marque de fabrique de Philip K Dick. "Qu’est-ce qu’un être humain?" et "Qu'est-ce que la réalité?", c'est par ces deux questions là, mais surtout la première, qu'il faut aborder Blade Runner et sa suite Blade Runner 2049. Ce qui est sûr, c'est que pour Philip K Dick les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent. Nos sens nous fourvoient et notre cerveau surinterprète.
Le sujet qui est au centre de tout dans Blade Runner 2049, c'est le sujet de la création de la vie et de ce qui différencie les humains des réplicants. La frontière qui les sépare est remise en cause par l'idée que deux androïdes puissent procréer et donner naissance à un autre androïde. Si les androïdes peuvent procréer entre eux, peut-on encore parler de "machines" ? Qu'est ce qui différencie un humain d'un androïde, si tous deux peuvent procréer ? Au delà de ces questions, la saga Blade Runner laisse libre cours à l'interprétation. Et surtout, l'esthétique très soignée des deux films donne un second degré aux scènes fortement contemplatives. Ainsi, le personnage de Wallace aveugle (Jared Leto) représente clairement une divinité (il vit dans une sorte de temple et nomme ses androïdes des anges) et porte un regard intéressant sur l'humanité.
D'ailleurs, il y a un fort symbolisme des yeux dans Blade Runner. Le film commence par un gros plan sur un œil qui représente l'âme. Et l'âme, c'est ce qui différencie les humains (qui en ont une) des androïdes (qui n'en ont pas). Le fameux test du Voight-Kampff (inspiré du test de Turing) pour savoir si on est face à un répliquant ou à un humain, consiste à observer l’œil de la personne, les yeux rouges étant le signe distinctif des réplicants. Wallace est aveugle, ce qui signifie qu'il a perdu son âme et qu'il ne "voit" le monde qu'a travers les machines (des drones oculaires). C'est d'ailleurs assez ironique que Wallace soit aveugle, alors que Tyrell est mort en se faisant crever les yeux dans le premier film. Et quand Deckard (Harrison Ford) dit "Elle avait les yeux verts" en voyant le réplicant de Rachel, c'est pour signifier que malgré toute la technologie que possède Wallace, il est incapable de reproduire l’âme (c'est à dire les yeux). Et pour finir, l’hologramme de Joi (Ana de Armas) sur l’immense panneau publicitaire à les yeux noirs, signifiant qu'on peut lui attribuer la personnalité (ou l'âme) que l'on veut.
A savoir que le scénario de Blade Runner 2049 repose sur le fait que Deckard soit bien un réplicant. La scène de la licorne à été tourné durant le tournage du premier Blade Runner, c'était donc prévu depuis longtemps et Ridley Scott ne l'a pas rajouté par hasard dans sa director's cut. Ce n'est pas un simple caprice du réalisateur, pour faire son George Lucas. C'est juste que l'hypothèse que Deckard soit un répliquant, était tout simplement pensé dés le départ, dés la mise en production du premier film.
Dans Blade Runner 2049, une des scènes les plus touchantes et marquantes pour moi, c'est le moment où K (Ryan Gosling) est perdu après avoir compris que "l'enfant élu" ce n'était pas lui. Il marche seul dans la ville et se retrouve face au produit publicitaire "l'hologramme de Joi" qui vante les mérite de sa femme. Elle s'adresse à lui, telle une inconnue et l'appelle même Joe. A ce moment là, je pense que le personnage est vraiment mort intérieurement. Il se rend compte que ce qu'il avait potentiellement perçu comme un véritable amour, sincère et unique, n'était peut-être qu'une chose formatée, un code informatique pour faire croire à l'amour. Elle aurait pu l'appeler Brad, Tom, Mike ... mais voilà, elle l'a appelé Joe, comme tous ses clones. Ce qu'il a vécu avec elle, ce n'était que du fake, comme ses souvenirs et sa vie. il en vient même à redevenir pleinement ce qu'il était au départ, un réplicant qui exécute sa mission sans poser de question, étant donné que c'est uniquement ce qu'il est ... un réplicant. La femme leader de la rébellion et l'hologramme de Joi brisent son rêve d'accession à l'humanité. Et c'est paradoxalement en se mettant en danger pour sauver Deckard, jusqu'à même se sacrifier, qu'il se montre alors plus humain qu'il ne l'a jamais été.
Mais Blade Runner 2049 ne serait-il pas un souvenir fabriqué pour nous, simple spectateur du film ? L'hypothèse est intéressante, tout le film serait alors une mise en abîme nous faisant croire que ce monde fabriqué est réel. En ce sens, toute l'histoire, englobant Blade Runner et sa suite, ne serait qu'un rêve élaboré par cette jeune fille retranchée du monde, dans sa bulle (et qui ne révèlera sa véritable identité que sur la toute fin). Ainsi, le monde de Deckard et de K n'est pas réel et c'est elle, la véritable créatrice de ce monde. On est en quelque sorte dans un film dans le film.
K est un personnage en quête d'identité, qui est ramené à sa simple identité de réplicant. Contrairement à ce qu'aime lui faire croire Joi, en lui répétant qu'il est spécial, il n'est rien de plus qu'une "machine". L'hologramme de Joi apparait tout au long du film sur des panneaux publicitaires, cherchant toujours à flatter notre égo en n'hésitant pas à toucher à notre intime et nous faisant croire que nous sommes spéciaux ... alors que nous faisons face à une simple publicité. D'ailleurs, la femme leader du groupuscule n'hésite pas à lui rappeler son simple statut de réplicant, quand elle lui dit en parlant de l'enfant élu "Nous aimerions tous l'être". Oui nous aimerions tous être "spécial", unique et avoir une réelle emprise sur sa vie.
Enfin, je pense que la solitude et la quête de sens sont des expériences fondamentalement humaines. Je pense même que ce sont les sujets de réflexions les plus importants, après la peur de de la mort, thème exploré dans le premier Blade Runner. Joe/K meurt dans sa quête de rébellion contre le système. Il meurt pour avoir été coupable d'une seule chose, d'avoir été humain. Un parallèle très intéressant peut être fait avec Le Procès d'Orson Welles (et de Franz Kafka), où le personnage principal Joseph K. (Joe étant curieusement le diminutif de Joseph) est condamné à mort, jugé coupable lui aussi d'avoir été trop humain.
C'est pourquoi je trouve excellent que ces thématiques aient été aussi ainsi bien traitées par Denis Villeneuve. Y avait-il vraiment un intérêt à faire une suite de Blade Runner? Oui c'est suite a du sens et c'est une belle suite aux propos de Ridley Scott.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Evil Dead Rise, c'est un peu la fête à la maison.
Une mère de famille est possédée après son film est découvert le fameux livre des morts. Le début d'un joyeux bordel comme le veut la série des Evil Dead...
Violent, gore, délirant et malsain, ce nouvel opus fait le job et distille quelques clins d'oeil ici et là. Toutefois, mieux vaut avoir apprécié le remake de 2013, dont ce film se veut la continuité.
dami1- Interne
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Mor4nk vous retire 1 suppo
Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
J'ai rematé Looper ...
Alors, par quoi commencer ? Commençons tout simplement par le début, cette histoire de mafia du vingt-et-unième siècle qui en 2074 ne peuvent même pas se débarrasser de ses cadavres sans les envoyer dans le passé, c'est sacrément alambiqué, voire même carrément risible comme postulat de départ.
Moi en tout cas je n'y ai pas cru une seule seconde, pas plus que le changement radical de la personnalisé de Joseph Gordon-Levitt (Joe jeune), gangster sans morale, sans amis et junkie qui trente ans plus tard deviendra Bruce Willis (Joe âgé), un époux aimant après un seul regard posé sur sa bien aimée. Et mettre un gros nez à Joseph pour le faire ressembler à Bruce, ce n'est pas suffisant pour nous faire croire que c'est le même personnage jeune puis âgé.
Je ne parlerais même pas des innombrables incohérences et autres paradoxes temporels du scénario, des effets spéciaux ratés qui traduisent un manque criant de moyens et de la BO totalement oubliable (tellement oubliable que je l'ai déjà oubliée). Et pour revenir sur les effets spéciaux et la vision/imagerie globale du film, ça fait mal quand on passe après Blade Runner 2049 ... la comparaison est tellement cruelle pour Looper.
Bref, Looper c'est du popcorn-movie, certes sympathique et divertissant, mais franchement pas grandiose. Alors certes, ce n'est pas totalement mauvais, mais pas très bon non plus ... c'est un gros mouais, quoi !
Alors, par quoi commencer ? Commençons tout simplement par le début, cette histoire de mafia du vingt-et-unième siècle qui en 2074 ne peuvent même pas se débarrasser de ses cadavres sans les envoyer dans le passé, c'est sacrément alambiqué, voire même carrément risible comme postulat de départ.
Moi en tout cas je n'y ai pas cru une seule seconde, pas plus que le changement radical de la personnalisé de Joseph Gordon-Levitt (Joe jeune), gangster sans morale, sans amis et junkie qui trente ans plus tard deviendra Bruce Willis (Joe âgé), un époux aimant après un seul regard posé sur sa bien aimée. Et mettre un gros nez à Joseph pour le faire ressembler à Bruce, ce n'est pas suffisant pour nous faire croire que c'est le même personnage jeune puis âgé.
Je ne parlerais même pas des innombrables incohérences et autres paradoxes temporels du scénario, des effets spéciaux ratés qui traduisent un manque criant de moyens et de la BO totalement oubliable (tellement oubliable que je l'ai déjà oubliée). Et pour revenir sur les effets spéciaux et la vision/imagerie globale du film, ça fait mal quand on passe après Blade Runner 2049 ... la comparaison est tellement cruelle pour Looper.
Bref, Looper c'est du popcorn-movie, certes sympathique et divertissant, mais franchement pas grandiose. Alors certes, ce n'est pas totalement mauvais, mais pas très bon non plus ... c'est un gros mouais, quoi !
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Kristof offre 1 suppo à ce post!
Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
scénario risible
impossible de se mettre en tete que les 2 acteurs sont le meme perso
et puis comme dans 99% des films de voyages temporels, le "syndrome de Terminator" : des tas d'incohérences... et paradoxes impossibles... zappés
impossible de se mettre en tete que les 2 acteurs sont le meme perso
et puis comme dans 99% des films de voyages temporels, le "syndrome de Terminator" : des tas d'incohérences... et paradoxes impossibles... zappés
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Kristof offre 1 suppo à ce post!
Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Vu AIR de & avec Ben Affleck et Matt Damon
Sonny Vaccaro, le directeur du marketing sportif (basket) de chez Nike poursuit sans relâche Michael Jordan pour conclure un partenariat historique, avec son acolyte, Phil Knight, milliardaire (pas encore je pense à cette époque) et cofondateur de Nike.
Film sans prétention, le générique est génial pour nous, pleins d'extraits des 80s,
des micros, terminaux, de l'apple II dans le film
J'ai bien aimé personnellement. le genre de film que tu aimes revoir de temps en temps
https://www.youtube.com/watch?v=jRZk-_4RQjQ
Sonny Vaccaro, le directeur du marketing sportif (basket) de chez Nike poursuit sans relâche Michael Jordan pour conclure un partenariat historique, avec son acolyte, Phil Knight, milliardaire (pas encore je pense à cette époque) et cofondateur de Nike.
Film sans prétention, le générique est génial pour nous, pleins d'extraits des 80s,
des micros, terminaux, de l'apple II dans le film
J'ai bien aimé personnellement. le genre de film que tu aimes revoir de temps en temps
https://www.youtube.com/watch?v=jRZk-_4RQjQ
Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Je viens de mater Une Vie Cachée de Terrence Malick ...
Je suis tellement content de retrouver un Malick de cette ampleur là ! Après un passage expérimental qui ma laissé de marbre, en gros depuis The Tree of Life, Terrence Malick rassure son monde et nous rappelle que c'est un immense cinéaste. Les plans somptueux, la mise en scène, les questionnements intérieurs, tout y est ou presque. C'est du très grand cinéma et qui plus est, un film qui a le mérite d'éclaircir les obsessions tenaces de son auteur.
La vie cachée peut se résumer en une ligne de dialogue : "Better to suffer injustice than to do it". C'est le courage d’un paysan autrichien porté par sa foi, qui défie les nazis. C'est l'apologie de l'insoumission. C'est l'odeur de la terre, des moissons, des montagnes. C'est l'odeur de l'amour vrai, du bonheur d'avoir trouver l'être cher. C'est l'odeur d'une vie simple, interrompue par les décisions d'un pouvoir aveuglé de certitudes et d'ambitions déraisonnées.
Attention, Une vie cachée est un film qui peut vous hanter longtemps après son visionnage. C’est la quintessence du cinéma de Terrence Malick, rejoignant les rangs de La Moisson du ciel (1978), La Ligne Rouge (1998) et Le Nouveau Monde (2005). Si vous voulez ouvrir votre esprit et avoir un cœur ouvert, prêts pour une expérience sensorielle, vous devez expérimenter le cinéma de Terrence Malick. C’est un vrai bol d’air frais, avec par moments cette impression que tout est improvisé et avec cette dimension de véracité si caractéristique de son cinéma naturaliste et vivant.
Terrence Malick semble jouer avec la lumière, les couleurs et les formes, dans toutes ses nuances, ses revers ou paradoxes. Son cinéma interroge, intrigue, voire même fascine (me concernant en tout cas). Alors certes, les magnifiques paysages autrichiens aident bien, avec ses montagnes vertigineuses, la très belle BO de James Newton Howard, deux acteurs transcendés par leurs rôles, la poésie des sentiments ... tout ça, c’est magnifique. Sans oublier l'intelligence du montage avec les images d’archive de la seconde guerre mondiale, impressionnantes et hautement symboliques, qui sont intégrées de manière très intelligente dans le métrage.
Je dois tout de même vous avertir, le rythme du film est doux et lent, parfois un peu trop lent. C'est un très beau film, mais il souffre tout de même de quelques longueurs, notamment dans sa seconde partie (les scènes d'enfermement et de sévices). Encore que, le rythme lent participe à la musicalité "poétique" du film et rend harmonieux l’ensemble du métrage. Et puis, le fait de faire côtoyer la langue allemande et l’anglais peut interroger. Mais après tout, la langue allemande semble également être là pour installer une ambiance, comme un paysage sonore en arrière plan. Toujours négativement, je peux aussi comprendre certaines critiques qui lui reprochent son côté trop "auteurisant". Son cinéma témoigne d'un enthousiasme et d'une exaltation qui (parfois) peuvent paraitre excessifs, mais après tout on peut tout aussi bien se laisser porter par l'ensemble et rejoindre cette idée de voyage.
Mais pour moi, La Vie cachée n'est pas un film "auteurisant", c'est un film exigeant. C'est du vrai cinéma (cadrage, plan, lumière ...) qui va vous mettre une véritable claque sensorielle ... et des claques sensorielles comme celle-là, moi j'en redemande. La vie cachée c'est le film tant attendu qui me réconcilie avec le cinéma de Terrence Malick. Je pense le revoir, parce que la première demi-heure m'a littéralement renversé, même si par la suite je l'ai trouvé un peu trop long.
Je suis tellement content de retrouver un Malick de cette ampleur là ! Après un passage expérimental qui ma laissé de marbre, en gros depuis The Tree of Life, Terrence Malick rassure son monde et nous rappelle que c'est un immense cinéaste. Les plans somptueux, la mise en scène, les questionnements intérieurs, tout y est ou presque. C'est du très grand cinéma et qui plus est, un film qui a le mérite d'éclaircir les obsessions tenaces de son auteur.
La vie cachée peut se résumer en une ligne de dialogue : "Better to suffer injustice than to do it". C'est le courage d’un paysan autrichien porté par sa foi, qui défie les nazis. C'est l'apologie de l'insoumission. C'est l'odeur de la terre, des moissons, des montagnes. C'est l'odeur de l'amour vrai, du bonheur d'avoir trouver l'être cher. C'est l'odeur d'une vie simple, interrompue par les décisions d'un pouvoir aveuglé de certitudes et d'ambitions déraisonnées.
Attention, Une vie cachée est un film qui peut vous hanter longtemps après son visionnage. C’est la quintessence du cinéma de Terrence Malick, rejoignant les rangs de La Moisson du ciel (1978), La Ligne Rouge (1998) et Le Nouveau Monde (2005). Si vous voulez ouvrir votre esprit et avoir un cœur ouvert, prêts pour une expérience sensorielle, vous devez expérimenter le cinéma de Terrence Malick. C’est un vrai bol d’air frais, avec par moments cette impression que tout est improvisé et avec cette dimension de véracité si caractéristique de son cinéma naturaliste et vivant.
Terrence Malick semble jouer avec la lumière, les couleurs et les formes, dans toutes ses nuances, ses revers ou paradoxes. Son cinéma interroge, intrigue, voire même fascine (me concernant en tout cas). Alors certes, les magnifiques paysages autrichiens aident bien, avec ses montagnes vertigineuses, la très belle BO de James Newton Howard, deux acteurs transcendés par leurs rôles, la poésie des sentiments ... tout ça, c’est magnifique. Sans oublier l'intelligence du montage avec les images d’archive de la seconde guerre mondiale, impressionnantes et hautement symboliques, qui sont intégrées de manière très intelligente dans le métrage.
Je dois tout de même vous avertir, le rythme du film est doux et lent, parfois un peu trop lent. C'est un très beau film, mais il souffre tout de même de quelques longueurs, notamment dans sa seconde partie (les scènes d'enfermement et de sévices). Encore que, le rythme lent participe à la musicalité "poétique" du film et rend harmonieux l’ensemble du métrage. Et puis, le fait de faire côtoyer la langue allemande et l’anglais peut interroger. Mais après tout, la langue allemande semble également être là pour installer une ambiance, comme un paysage sonore en arrière plan. Toujours négativement, je peux aussi comprendre certaines critiques qui lui reprochent son côté trop "auteurisant". Son cinéma témoigne d'un enthousiasme et d'une exaltation qui (parfois) peuvent paraitre excessifs, mais après tout on peut tout aussi bien se laisser porter par l'ensemble et rejoindre cette idée de voyage.
Mais pour moi, La Vie cachée n'est pas un film "auteurisant", c'est un film exigeant. C'est du vrai cinéma (cadrage, plan, lumière ...) qui va vous mettre une véritable claque sensorielle ... et des claques sensorielles comme celle-là, moi j'en redemande. La vie cachée c'est le film tant attendu qui me réconcilie avec le cinéma de Terrence Malick. Je pense le revoir, parce que la première demi-heure m'a littéralement renversé, même si par la suite je l'ai trouvé un peu trop long.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Je viens de mater In a Lonely place de Nicholas Ray ...
Sorti la même année (1950) que All About Eve de Joseph L. Mankiewicz et Boulevard du crépuscule de Billy Wilder, In a Lonely place de Nicholas Ray et avec Humprey Bogart a dû faire face à une rude concurrence. Sans égaler ces deux chef-d'œuvre absolus du film noir des années 50, le film de Nicholas Ray ne s'en sort pas si mal. Certes, les résultats au box-office ont été décevants et la société de production de Bogey, Santana, a "semble-t-il" perdu beaucoup d'argent dans cette histoire. Mais en même temps, difficile d'imaginer qu'un film noir aussi troublant et avec une fin aussi pessimiste, puisse rapporter beaucoup d’argent.
In a Lonely place (aka Le Violent en français) peut se résumer en une ligne de dialogue : “I was born when you kissed me. I died when you left me. I lived a few weeks while you loved me”. Humprey Bogart est Dixon Steele, un scénariste erratique et "brut de décoffrage", traits de caractère qu'il connait si bien. On reconnait tout de suite son style de jeu si codifié (visage marqué et rictus de dérision perpétuelle), qui en fait l'un des antihéros les plus célèbres de toute l’histoire du cinéma. Cependant, ici Bogey s'aventure vraiment très loin dans son jeu, ce qui peut l'amener à devenir violent à ses dépens. Ceci est mieux illustrée lorsque, suite à un accident de voiture à une intersection, le ton monte entre les deux hommes et dans un accès de rage Bogey fracasse la tête de l'autre conducteur avec une pierre. C’est peut-être la goutte d’eau qui fait déborder le vase et qui va mettre à mal la romance entre Dixon Steele et Laurel Gray (Gloria Grahame), une actrice débutante qui s’insinue dans sa vie pour servir d'alibi dans le meurtre d’une jeune femme dont Bogey est accusé.
Aussi bon soit-il, Bogey reste dans l'ombre de sa partenaire Gloria Graham. Sa lèvre supérieure tombante et son visage boudiné ne correspondent pas vraiment au moule hollywoodien de l'époque. D'ailleurs, sa carrière n'a jamais vraiment décollé dans les années 50 ou tout du moins, moi je ne la connaissais pas. Cependant, ici elle est presque parfaite dans le rôle de la starlette blasée, ayant un passé douteux et avec juste un soupçon de sex-appeal qui en fait la parfaite femme fatale. On l'imagine tout de suite capable de tuer symboliquement un homme, le faire souffrir, le pousser à la dépression, voire même au suicide et le déposséder de ses biens. Mais en réalité, Laurel Gray est bien plus vulnérable qu'elle ne le laisse paraitre. Elle entraîne l’avide Dixon Steel dans une relation torride (relation seulement suggérée à l'écran), mais au fur et à mesure son personnage s’effiloche. Regardez sa réaction désespérée devant Dixon Steele après l’agression de l’automobiliste, ou sa panique à peine contrôlée à la fin du film. C’est une performance remarquable de la part de Gloria Graham et pas étonnant qu’elle soit une favorite du film noir.
Le scénario contient beaucoup de mystères, mais c’est surtout la vision du réalisateur Nicholas Ray qui rend le film si intriguant. Poète de l’aliénation d’après-guerre, il est le parfait superviseur de ces effets pour mettre en scène l’éloignement et l’isolement des humain. Aucun autre réalisateur, si ce n'est peut-être Elia Kazan ou Billy Wilder, ne pouvait exploiter aussi bien les acteurs de seconds rôles. Remarquez à quel point chacun des acteurs secondaires est parfaitement dessiné, de l’ivrogne shakespearienne, à la femme de chambre blasée, en passant par le manager de star las de tout ça. Seuls les flics, dans des rôles de faire-valoir, semblent disparaître en arrière plan. Quant à la BO de George Antheil, un compositeur que je connais très mal, elle est simple mais savamment conçues, donnant le ton émotionnel juste. Mon seul reproche, c'est que la musique est trop présente, dans absolument toutes les scènes du film, ne permettant aucun silence.
Le film laisse tout le temps planer le doute sur la culpabilité ou l’innocence de Dixon Steele. Il aime brouiller les pistes, comme avec sa reconstitution du meurtre qui est si minutieuse et si convaincante, ou avec sa tentative de feindre la culpabilité chaque fois que son ami Lippman (Art Smith) rentre en scène. Ce sont les plaisanteries entre les deux hommes qui apportent un peu de légèreté (une idée bienvenue), rapprochant le film de la comédie noire. Ce fut difficile pour moi de m’attacher au personnage de Laurel Gray. Il y avait toujours un vernis de prudence et de méfiance à son sujet, rendu plus inquiétant par la révélation qu’elle était en fuite d’un ancien petit ami. À son tour, son propre système d’avertissement interne est passé à la vitesse supérieure au fur et à mesure que le film avançait, se méfiant de plus en plus du tempérament erratique de Dixon Steele et de son intrusion croissante dans sa vie.
Venant d’une époque (les années 50) où la censure sévit à la moindre évocation de sexe, Dixon et Laurel restent des amants distants, condamnés par leurs démons intérieurs, pour lesquels il ne semble pas y avoir de remède. C'est avec le temps, que le film est devenu le classique du film noir qu’il est aujourd'hui. Cette représentation troublante de l’incapacité d’un homme à contenir ses rages de violence, continue de résonner au-delà des mœurs (autres temps, autres mœurs).
Sorti la même année (1950) que All About Eve de Joseph L. Mankiewicz et Boulevard du crépuscule de Billy Wilder, In a Lonely place de Nicholas Ray et avec Humprey Bogart a dû faire face à une rude concurrence. Sans égaler ces deux chef-d'œuvre absolus du film noir des années 50, le film de Nicholas Ray ne s'en sort pas si mal. Certes, les résultats au box-office ont été décevants et la société de production de Bogey, Santana, a "semble-t-il" perdu beaucoup d'argent dans cette histoire. Mais en même temps, difficile d'imaginer qu'un film noir aussi troublant et avec une fin aussi pessimiste, puisse rapporter beaucoup d’argent.
In a Lonely place (aka Le Violent en français) peut se résumer en une ligne de dialogue : “I was born when you kissed me. I died when you left me. I lived a few weeks while you loved me”. Humprey Bogart est Dixon Steele, un scénariste erratique et "brut de décoffrage", traits de caractère qu'il connait si bien. On reconnait tout de suite son style de jeu si codifié (visage marqué et rictus de dérision perpétuelle), qui en fait l'un des antihéros les plus célèbres de toute l’histoire du cinéma. Cependant, ici Bogey s'aventure vraiment très loin dans son jeu, ce qui peut l'amener à devenir violent à ses dépens. Ceci est mieux illustrée lorsque, suite à un accident de voiture à une intersection, le ton monte entre les deux hommes et dans un accès de rage Bogey fracasse la tête de l'autre conducteur avec une pierre. C’est peut-être la goutte d’eau qui fait déborder le vase et qui va mettre à mal la romance entre Dixon Steele et Laurel Gray (Gloria Grahame), une actrice débutante qui s’insinue dans sa vie pour servir d'alibi dans le meurtre d’une jeune femme dont Bogey est accusé.
Aussi bon soit-il, Bogey reste dans l'ombre de sa partenaire Gloria Graham. Sa lèvre supérieure tombante et son visage boudiné ne correspondent pas vraiment au moule hollywoodien de l'époque. D'ailleurs, sa carrière n'a jamais vraiment décollé dans les années 50 ou tout du moins, moi je ne la connaissais pas. Cependant, ici elle est presque parfaite dans le rôle de la starlette blasée, ayant un passé douteux et avec juste un soupçon de sex-appeal qui en fait la parfaite femme fatale. On l'imagine tout de suite capable de tuer symboliquement un homme, le faire souffrir, le pousser à la dépression, voire même au suicide et le déposséder de ses biens. Mais en réalité, Laurel Gray est bien plus vulnérable qu'elle ne le laisse paraitre. Elle entraîne l’avide Dixon Steel dans une relation torride (relation seulement suggérée à l'écran), mais au fur et à mesure son personnage s’effiloche. Regardez sa réaction désespérée devant Dixon Steele après l’agression de l’automobiliste, ou sa panique à peine contrôlée à la fin du film. C’est une performance remarquable de la part de Gloria Graham et pas étonnant qu’elle soit une favorite du film noir.
Le scénario contient beaucoup de mystères, mais c’est surtout la vision du réalisateur Nicholas Ray qui rend le film si intriguant. Poète de l’aliénation d’après-guerre, il est le parfait superviseur de ces effets pour mettre en scène l’éloignement et l’isolement des humain. Aucun autre réalisateur, si ce n'est peut-être Elia Kazan ou Billy Wilder, ne pouvait exploiter aussi bien les acteurs de seconds rôles. Remarquez à quel point chacun des acteurs secondaires est parfaitement dessiné, de l’ivrogne shakespearienne, à la femme de chambre blasée, en passant par le manager de star las de tout ça. Seuls les flics, dans des rôles de faire-valoir, semblent disparaître en arrière plan. Quant à la BO de George Antheil, un compositeur que je connais très mal, elle est simple mais savamment conçues, donnant le ton émotionnel juste. Mon seul reproche, c'est que la musique est trop présente, dans absolument toutes les scènes du film, ne permettant aucun silence.
Le film laisse tout le temps planer le doute sur la culpabilité ou l’innocence de Dixon Steele. Il aime brouiller les pistes, comme avec sa reconstitution du meurtre qui est si minutieuse et si convaincante, ou avec sa tentative de feindre la culpabilité chaque fois que son ami Lippman (Art Smith) rentre en scène. Ce sont les plaisanteries entre les deux hommes qui apportent un peu de légèreté (une idée bienvenue), rapprochant le film de la comédie noire. Ce fut difficile pour moi de m’attacher au personnage de Laurel Gray. Il y avait toujours un vernis de prudence et de méfiance à son sujet, rendu plus inquiétant par la révélation qu’elle était en fuite d’un ancien petit ami. À son tour, son propre système d’avertissement interne est passé à la vitesse supérieure au fur et à mesure que le film avançait, se méfiant de plus en plus du tempérament erratique de Dixon Steele et de son intrusion croissante dans sa vie.
Venant d’une époque (les années 50) où la censure sévit à la moindre évocation de sexe, Dixon et Laurel restent des amants distants, condamnés par leurs démons intérieurs, pour lesquels il ne semble pas y avoir de remède. C'est avec le temps, que le film est devenu le classique du film noir qu’il est aujourd'hui. Cette représentation troublante de l’incapacité d’un homme à contenir ses rages de violence, continue de résonner au-delà des mœurs (autres temps, autres mœurs).
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
lessthantod a écrit:Je viens de mater Une Vie Cachée de Terrence Malick ...
Je suis tellement content de retrouver un Malick de cette ampleur là ! Après un passage expérimental qui ma laissé de marbre, en gros depuis The Tree of Life, Terrence Malick rassure son monde et nous rappelle que c'est un immense cinéaste. Les plans somptueux, la mise en scène, les questionnements intérieurs, tout y est ou presque. C'est du très grand cinéma et qui plus est, un film qui a le mérite d'éclaircir les obsessions tenaces de son auteur.
La vie cachée peut se résumer en une ligne de dialogue : "Better to suffer injustice than to do it". C'est le courage d’un paysan autrichien porté par sa foi, qui défie les nazis. C'est l'apologie de l'insoumission. C'est l'odeur de la terre, des moissons, des montagnes. C'est l'odeur de l'amour vrai, du bonheur d'avoir trouver l'être cher. C'est l'odeur d'une vie simple, interrompue par les décisions d'un pouvoir aveuglé de certitudes et d'ambitions déraisonnées.
Attention, Une vie cachée est un film qui peut vous hanter longtemps après son visionnage. C’est la quintessence du cinéma de Terrence Malick, rejoignant les rangs de La Moisson du ciel (1978), La Ligne Rouge (1998) et Le Nouveau Monde (2005). Si vous voulez ouvrir votre esprit et avoir un cœur ouvert, prêts pour une expérience sensorielle, vous devez expérimenter le cinéma de Terrence Malick. C’est un vrai bol d’air frais, avec par moments cette impression que tout est improvisé et avec cette dimension de véracité si caractéristique de son cinéma naturaliste et vivant.
Terrence Malick semble jouer avec la lumière, les couleurs et les formes, dans toutes ses nuances, ses revers ou paradoxes. Son cinéma interroge, intrigue, voire même fascine (me concernant en tout cas). Alors certes, les magnifiques paysages autrichiens aident bien, avec ses montagnes vertigineuses, la très belle BO de James Newton Howard, deux acteurs transcendés par leurs rôles, la poésie des sentiments ... tout ça, c’est magnifique. Sans oublier l'intelligence du montage avec les images d’archive de la seconde guerre mondiale, impressionnantes et hautement symboliques, qui sont intégrées de manière très intelligente dans le métrage.
Je dois tout de même vous avertir, le rythme du film est doux et lent, parfois un peu trop lent. C'est un très beau film, mais il souffre tout de même de quelques longueurs, notamment dans sa seconde partie (les scènes d'enfermement et de sévices). Encore que, le rythme lent participe à la musicalité "poétique" du film et rend harmonieux l’ensemble du métrage. Et puis, le fait de faire côtoyer la langue allemande et l’anglais peut interroger. Mais après tout, la langue allemande semble également être là pour installer une ambiance, comme un paysage sonore en arrière plan. Toujours négativement, je peux aussi comprendre certaines critiques qui lui reprochent son côté trop "auteurisant". Son cinéma témoigne d'un enthousiasme et d'une exaltation qui (parfois) peuvent paraitre excessifs, mais après tout on peut tout aussi bien se laisser porter par l'ensemble et rejoindre cette idée de voyage.
Mais pour moi, La Vie cachée n'est pas un film "auteurisant", c'est un film exigeant. C'est du vrai cinéma (cadrage, plan, lumière ...) qui va vous mettre une véritable claque sensorielle ... et des claques sensorielles comme celle-là, moi j'en redemande. La vie cachée c'est le film tant attendu qui me réconcilie avec le cinéma de Terrence Malick. Je pense le revoir, parce que la première demi-heure m'a littéralement renversé, même si par la suite je l'ai trouvé un peu trop long.
tu m'a donné envie de le voir !!!! Depuis the Tree of Life j'ai zappé tout ce qu'il a fait.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Bah pareil, j'avais tout zappé depuis The Tree of Life, mais celui-là c'est son grand retour en forme.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
lessthantod a écrit:Je viens de mater Une Vie Cachée de Terrence Malick ...
Je suis tellement content de retrouver un Malick de cette ampleur là ! Après un passage expérimental qui ma laissé de marbre, en gros depuis The Tree of Life, Terrence Malick rassure son monde et nous rappelle que c'est un immense cinéaste. Les plans somptueux, la mise en scène, les questionnements intérieurs, tout y est ou presque. C'est du très grand cinéma et qui plus est, un film qui a le mérite d'éclaircir les obsessions tenaces de son auteur.
La vie cachée peut se résumer en une ligne de dialogue : "Better to suffer injustice than to do it". C'est le courage d’un paysan autrichien porté par sa foi, qui défie les nazis. C'est l'apologie de l'insoumission. C'est l'odeur de la terre, des moissons, des montagnes. C'est l'odeur de l'amour vrai, du bonheur d'avoir trouver l'être cher. C'est l'odeur d'une vie simple, interrompue par les décisions d'un pouvoir aveuglé de certitudes et d'ambitions déraisonnées.
Attention, Une vie cachée est un film qui peut vous hanter longtemps après son visionnage. C’est la quintessence du cinéma de Terrence Malick, rejoignant les rangs de La Moisson du ciel (1978), La Ligne Rouge (1998) et Le Nouveau Monde (2005). Si vous voulez ouvrir votre esprit et avoir un cœur ouvert, prêts pour une expérience sensorielle, vous devez expérimenter le cinéma de Terrence Malick. C’est un vrai bol d’air frais, avec par moments cette impression que tout est improvisé et avec cette dimension de véracité si caractéristique de son cinéma naturaliste et vivant.
Terrence Malick semble jouer avec la lumière, les couleurs et les formes, dans toutes ses nuances, ses revers ou paradoxes. Son cinéma interroge, intrigue, voire même fascine (me concernant en tout cas). Alors certes, les magnifiques paysages autrichiens aident bien, avec ses montagnes vertigineuses, la très belle BO de James Newton Howard, deux acteurs transcendés par leurs rôles, la poésie des sentiments ... tout ça, c’est magnifique. Sans oublier l'intelligence du montage avec les images d’archive de la seconde guerre mondiale, impressionnantes et hautement symboliques, qui sont intégrées de manière très intelligente dans le métrage.
Je dois tout de même vous avertir, le rythme du film est doux et lent, parfois un peu trop lent. C'est un très beau film, mais il souffre tout de même de quelques longueurs, notamment dans sa seconde partie (les scènes d'enfermement et de sévices). Encore que, le rythme lent participe à la musicalité "poétique" du film et rend harmonieux l’ensemble du métrage. Et puis, le fait de faire côtoyer la langue allemande et l’anglais peut interroger. Mais après tout, la langue allemande semble également être là pour installer une ambiance, comme un paysage sonore en arrière plan. Toujours négativement, je peux aussi comprendre certaines critiques qui lui reprochent son côté trop "auteurisant". Son cinéma témoigne d'un enthousiasme et d'une exaltation qui (parfois) peuvent paraitre excessifs, mais après tout on peut tout aussi bien se laisser porter par l'ensemble et rejoindre cette idée de voyage.
Mais pour moi, La Vie cachée n'est pas un film "auteurisant", c'est un film exigeant. C'est du vrai cinéma (cadrage, plan, lumière ...) qui va vous mettre une véritable claque sensorielle ... et des claques sensorielles comme celle-là, moi j'en redemande. La vie cachée c'est le film tant attendu qui me réconcilie avec le cinéma de Terrence Malick. Je pense le revoir, parce que la première demi-heure m'a littéralement renversé, même si par la suite je l'ai trouvé un peu trop long.
Le film est exigeant en effet, d'autant qu'à son rythme lent et contemplatif, s'ajoute une durée élancée de près de trois heures.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Oui, c'est son plus grand défaut, il est un poil trop long, surtout dans sa seconde partie qui aurait pu être raccourcis de 30 minutes.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
J'ai rematé Match Point de Woody Allen ...
"Fort bien, mais a-t-il de la chance ?" C’est sans conteste parce qu’il en était doté, que Napoléon a élevé la chance au rang de compétence dans les processus de recrutement de ses officiers. C’est sans doute pourquoi il demandait à ses généraux, avant de les promouvoir, s’ils avaient de la chance ? Match Point explore le même concept.
"I don't care if he's great. I just hope that he's lucky" Cette ligne de dialogue résume parfaitement l'esprit de ce film. Il (ou elle) est né(e) sous une bonne étoile, est sans doute une expression que tout à chacun aura entendu. Si elle fait référence à l’individu à qui tout semble réussir, souvent protégé des aléas de la vie, ne nous fions pas aux apparences. En effet, ce chanceux a développé, consciemment ou inconsciemment, une véritable intelligence de situation que l’on retrouvera chez Chris Wilton (Jonathan Rhys-Meyers) dans Match Point.
Match Point aurait très bien pu être réalisé dans les années 50/60, quand le film noir était à son apogée ! Woody Allen, l’un de mes réalisateurs préférés, rend le plus bel des hommages au genre. Et si son nom n’apparaissait pas dans le générique d’ouverture, vous ne sauriez pas que c'est lui qui l’a réalisé. Prenant une pause dans ses tournages à NY, la ville qu’il aime le plus, pour tourner à Londres, supprimant toute trace de ses troubles névrotiques bien connus et supprimant même la référence à son propre personnage dans la performance de Jonathan Rhys-Meyers, Match Point devient un film très européen. De plus, le film commence de manière trompeuse, comme une étude de personnage avec des tons comiques et des mouvements toujours si subtils vers le côté sombre de l’amour.
Un quadrilatère amoureux, le plus ancien dispositif d’intrigue amoureuse, s'installe rapidement. Chris Wilton (Rhys-Meyers), un joueur de tennis à la retraite, devient instructeur de Tom Hewett (Matthew Goode). Les deux hommes trouvent qu’ils ont de nombreux intérêts communs, tels que l’amour de l’opéra et des œuvres de Dostoïevski. Ils ont un autre intérêt communs, mais patience ... j’y arrive. Tom invite Chris pour une soirée à l’opéra et le présente à sa famille et à sa sœur Chloé (Emily Mortimer), qui tombe amoureuse de lui et qui plus tard lui offre la sécurité familiale sous toutes ses formes.
Sentant une opportunité de gravir les échelons sociaux, il commence une relation amoureuse avec elle juste au moment où il rencontre Nola Rice (Scarlett Johansson), une actrice américaine débutante, avec qui il flirte ouvertement jusqu’à ce qu’il réalise qu’elle est la petite amie de Tom. Une liaison clandestine entre Chris et Nola commence. Elle lui déconseille car cela ruinerait ses chances à lui de réussir et puis pour elle, car elle est fiancée à Tom, mais le désir est plus fort et la relation va plus loin. Cependant, Nola sort de quadrilatère amoureux, Tom épousant finalement une autre femme et Chris épousant Chloé. Les choses se compliquer lorsque Chris retrouve Nola.
Match Point contient tous les codes du film noir. Le film commence sur un rythme détendu, puis prend une forme sinistre dans sa deuxième moitié. Woody Allen détourne l'attention du spectateur, pour mieux le saisir. Il évite tout mélodrame romantique et montre ce qu'il se passe réellement dans un couple pris au piège d’une liaison extra-conjugale. L'éblouissement initial et la passion consommée, se transforment peu à peu en routine puis en déclin douloureux. Nola initialement habillée en blanc (visible dans l'affiche du film) semble être en contrôle total, jusqu’à ce que Woody Allen le lui retire habilement. Tout s’effondre lentement autour d'elle, vêtue de couleurs de plus en plus sombres. Chris la convoite tellement au début, que ça en devient une obsession. La question pour lui, c'est de savoir s’il peut choisir l'amour plutôt que le statut social et c'est ça le dilemme de Match Point. C'est aussi de savoir si la balle de tennis tombe du bon côté du filet ou non.
Il y a des moments où vous vous demandez si Woody Allen est passé en mode pilote automatique ou s'il s'est engagé dans un point de non-retour. Woody Allen a toujours mis ses fans à l’épreuve (et même ses fans les plus hardcores comme moi) avec des films plus ou moins dispensables succédant à des petits bijoux d'inventivité. Avec Match Point, qui entretient un lien fort avec Crimes et Délits, il prouve que son génie est toujours là. En effaçant toutes les références à son style comiques excentrique, il conquiert un nouveau public prêt à accepter son style si particulier. Match Point est un excellent film, l'un des tout meilleurs de Woody Allen, peut-être pas LE meilleur (Annie Hall et Manhattan sont indétrônables), mais on s'en rapproche sacrément. C’est dire à quel point j'aime ce film.
"Fort bien, mais a-t-il de la chance ?" C’est sans conteste parce qu’il en était doté, que Napoléon a élevé la chance au rang de compétence dans les processus de recrutement de ses officiers. C’est sans doute pourquoi il demandait à ses généraux, avant de les promouvoir, s’ils avaient de la chance ? Match Point explore le même concept.
"I don't care if he's great. I just hope that he's lucky" Cette ligne de dialogue résume parfaitement l'esprit de ce film. Il (ou elle) est né(e) sous une bonne étoile, est sans doute une expression que tout à chacun aura entendu. Si elle fait référence à l’individu à qui tout semble réussir, souvent protégé des aléas de la vie, ne nous fions pas aux apparences. En effet, ce chanceux a développé, consciemment ou inconsciemment, une véritable intelligence de situation que l’on retrouvera chez Chris Wilton (Jonathan Rhys-Meyers) dans Match Point.
Match Point aurait très bien pu être réalisé dans les années 50/60, quand le film noir était à son apogée ! Woody Allen, l’un de mes réalisateurs préférés, rend le plus bel des hommages au genre. Et si son nom n’apparaissait pas dans le générique d’ouverture, vous ne sauriez pas que c'est lui qui l’a réalisé. Prenant une pause dans ses tournages à NY, la ville qu’il aime le plus, pour tourner à Londres, supprimant toute trace de ses troubles névrotiques bien connus et supprimant même la référence à son propre personnage dans la performance de Jonathan Rhys-Meyers, Match Point devient un film très européen. De plus, le film commence de manière trompeuse, comme une étude de personnage avec des tons comiques et des mouvements toujours si subtils vers le côté sombre de l’amour.
Un quadrilatère amoureux, le plus ancien dispositif d’intrigue amoureuse, s'installe rapidement. Chris Wilton (Rhys-Meyers), un joueur de tennis à la retraite, devient instructeur de Tom Hewett (Matthew Goode). Les deux hommes trouvent qu’ils ont de nombreux intérêts communs, tels que l’amour de l’opéra et des œuvres de Dostoïevski. Ils ont un autre intérêt communs, mais patience ... j’y arrive. Tom invite Chris pour une soirée à l’opéra et le présente à sa famille et à sa sœur Chloé (Emily Mortimer), qui tombe amoureuse de lui et qui plus tard lui offre la sécurité familiale sous toutes ses formes.
Sentant une opportunité de gravir les échelons sociaux, il commence une relation amoureuse avec elle juste au moment où il rencontre Nola Rice (Scarlett Johansson), une actrice américaine débutante, avec qui il flirte ouvertement jusqu’à ce qu’il réalise qu’elle est la petite amie de Tom. Une liaison clandestine entre Chris et Nola commence. Elle lui déconseille car cela ruinerait ses chances à lui de réussir et puis pour elle, car elle est fiancée à Tom, mais le désir est plus fort et la relation va plus loin. Cependant, Nola sort de quadrilatère amoureux, Tom épousant finalement une autre femme et Chris épousant Chloé. Les choses se compliquer lorsque Chris retrouve Nola.
Match Point contient tous les codes du film noir. Le film commence sur un rythme détendu, puis prend une forme sinistre dans sa deuxième moitié. Woody Allen détourne l'attention du spectateur, pour mieux le saisir. Il évite tout mélodrame romantique et montre ce qu'il se passe réellement dans un couple pris au piège d’une liaison extra-conjugale. L'éblouissement initial et la passion consommée, se transforment peu à peu en routine puis en déclin douloureux. Nola initialement habillée en blanc (visible dans l'affiche du film) semble être en contrôle total, jusqu’à ce que Woody Allen le lui retire habilement. Tout s’effondre lentement autour d'elle, vêtue de couleurs de plus en plus sombres. Chris la convoite tellement au début, que ça en devient une obsession. La question pour lui, c'est de savoir s’il peut choisir l'amour plutôt que le statut social et c'est ça le dilemme de Match Point. C'est aussi de savoir si la balle de tennis tombe du bon côté du filet ou non.
Il y a des moments où vous vous demandez si Woody Allen est passé en mode pilote automatique ou s'il s'est engagé dans un point de non-retour. Woody Allen a toujours mis ses fans à l’épreuve (et même ses fans les plus hardcores comme moi) avec des films plus ou moins dispensables succédant à des petits bijoux d'inventivité. Avec Match Point, qui entretient un lien fort avec Crimes et Délits, il prouve que son génie est toujours là. En effaçant toutes les références à son style comiques excentrique, il conquiert un nouveau public prêt à accepter son style si particulier. Match Point est un excellent film, l'un des tout meilleurs de Woody Allen, peut-être pas LE meilleur (Annie Hall et Manhattan sont indétrônables), mais on s'en rapproche sacrément. C’est dire à quel point j'aime ce film.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Incroyable ! L'adaptation de Jean-Jacques Annaud a, déjà, 32 ans !
En le (re)voyant hier après plusieurs décennies, je me suis rendu compte à quel point le film n'avait guère vieillit. La beauté visuelle retranscrit parfaitement l'indochine française à laquelle s'ajoute la beauté de son interprète principale, Jane March, dont la carrière fut, finalement, plutôt quelconque.
Malgré tout, le metteur en scène, peine avec son rythme et ses protagonistes secondaires à qui, il n'accorde guère d'épaisseur pour donner corps à une histoire plus alambiquée. Il n'en reste pas moins un film que le temps n'affecte pas et qui conserve une sensualité assez rare dans le cinéma occidentale.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
J'ai maté Le cours de la vie avec Agnès Jaoui ...
Le Cours de la vie, c'est en quelque sorte un film documentaire qui explique comment écrire un scénario. C'est une réflexion sur l'écriture d'un scénario, ou comment écrire une histoire à base de "Imaginons que ...", "Et si ... ?". Près de la moitié du film est occupée par la masterclass sur le scénario donnée par Noémie, le personnage interprété par Agnès Jaoui. Le choix d'Agnès Jaoui était une évidence, car elle-même est comédienne, réalisatrice, mais aussi et surtout scénariste. C'est donc une sorte de mise en abyme pour Agnès Jaoui. Et puis derrière Agnès Jaoui, on sent aussi la présence de Jean-Pierre Bacri, mort il y a deux ans, qui hante le film de bout en bout.
Agnès Jaoui donne une leçon de cinéma et de vie dans Le Cours de la Vie et si j'ai beaucoup apprécié la leçon de cinéma, j'ai nettement moins apprécié la leçon de vie. En effet, le film ne se contente pas de donner une leçon de cinéma, il raconte aussi une histoire d'amour entre Noémie et Vincent (Jonathan Zaccaï), le directeur de l’école de cinéma, une histoire d’amour qui ne réussi pas m'émouvoir, ou tout du moins pas totalement, malgré deux très bons acteurs. Tout ça, ça ressemble quand même à du remplissage, parce qu'on ne fait pas un film de deux heures qui se contente de raconter une masterclass.
C'est la leçon de cinéma qui capte notre attention et tout ce qu'il y a autour est malheureusement totalement raté, le jeu (ainsi que les dialogues) des étudiants en cinéma qui sonnent faux, ainsi que la lourdeur des messages véhiculés (le deuil, la psychanalyse, le féminisme, la lutte LGBT, les plans à trois ... ). Mais le pire du pire, pour un film qui veut nous donner envie d'écrire des scénario et de faire du cinéma, c'est de proposer des personnages réduits à de parfaits stéréotypes, à de banales histoires de jalousies, de couples, voire de triolisme, qui restent plates, qui ne s’incarnent jamais. Heureusement que le jeu d'Agnès Jaoui apporte un peu d’autodérision dans tout ça (mais pas assez à mon goût). Dans le rôle de la prof de cinéma, elle se révèle être passionnante et inspirante, comme seuls les enseignants peuvent l’être dans le monde idéalisé du cinéma.
Le film vaut surtout pour toutes ses références adressées aux cinéphiles, de Paul Schrader qui écrit le scénario de Taxi Driver parce que sa copine l’a quitté, à John Ford et cette fameuse réplique dans L'Homme qui tua Liberty Valance "When the legend becomes fact, print the legend". Et puis le film s’appuie aussi sur un beau duo d’acteurs très complices. Ou devrais-dire, un beau trio d'acteurs, d’où émerge Géraldine Nakache qui interprète la belle-sœur de Vincent. Elle apporte beaucoup de fraicheur au film à chaque fois que son personnage apparait à l'écran. C'est aussi en quelque sorte le double du spectateur, car comme nous elle est en position de spectatrice du duo Noémie-Vincent.
Au final que penser du film ? Malgré toute l'amour que j'ai pour Agnès Jaoui, c'est un gros mouais ... Le début est prometteur, la masterclass est intéressante, les deux acteurs têtes d'affiche sont très bons, mais la mise en scène est sans relief et tous les personnages secondaires (les étudiants et le restaurateur) sont de parfaits clichés. Bref, sans être totalement raté, il y a trop de choses qui sonnent faux dans ce film. Agnès Jaoui méritait tellement mieux.
Le Cours de la vie, c'est en quelque sorte un film documentaire qui explique comment écrire un scénario. C'est une réflexion sur l'écriture d'un scénario, ou comment écrire une histoire à base de "Imaginons que ...", "Et si ... ?". Près de la moitié du film est occupée par la masterclass sur le scénario donnée par Noémie, le personnage interprété par Agnès Jaoui. Le choix d'Agnès Jaoui était une évidence, car elle-même est comédienne, réalisatrice, mais aussi et surtout scénariste. C'est donc une sorte de mise en abyme pour Agnès Jaoui. Et puis derrière Agnès Jaoui, on sent aussi la présence de Jean-Pierre Bacri, mort il y a deux ans, qui hante le film de bout en bout.
Agnès Jaoui donne une leçon de cinéma et de vie dans Le Cours de la Vie et si j'ai beaucoup apprécié la leçon de cinéma, j'ai nettement moins apprécié la leçon de vie. En effet, le film ne se contente pas de donner une leçon de cinéma, il raconte aussi une histoire d'amour entre Noémie et Vincent (Jonathan Zaccaï), le directeur de l’école de cinéma, une histoire d’amour qui ne réussi pas m'émouvoir, ou tout du moins pas totalement, malgré deux très bons acteurs. Tout ça, ça ressemble quand même à du remplissage, parce qu'on ne fait pas un film de deux heures qui se contente de raconter une masterclass.
C'est la leçon de cinéma qui capte notre attention et tout ce qu'il y a autour est malheureusement totalement raté, le jeu (ainsi que les dialogues) des étudiants en cinéma qui sonnent faux, ainsi que la lourdeur des messages véhiculés (le deuil, la psychanalyse, le féminisme, la lutte LGBT, les plans à trois ... ). Mais le pire du pire, pour un film qui veut nous donner envie d'écrire des scénario et de faire du cinéma, c'est de proposer des personnages réduits à de parfaits stéréotypes, à de banales histoires de jalousies, de couples, voire de triolisme, qui restent plates, qui ne s’incarnent jamais. Heureusement que le jeu d'Agnès Jaoui apporte un peu d’autodérision dans tout ça (mais pas assez à mon goût). Dans le rôle de la prof de cinéma, elle se révèle être passionnante et inspirante, comme seuls les enseignants peuvent l’être dans le monde idéalisé du cinéma.
Le film vaut surtout pour toutes ses références adressées aux cinéphiles, de Paul Schrader qui écrit le scénario de Taxi Driver parce que sa copine l’a quitté, à John Ford et cette fameuse réplique dans L'Homme qui tua Liberty Valance "When the legend becomes fact, print the legend". Et puis le film s’appuie aussi sur un beau duo d’acteurs très complices. Ou devrais-dire, un beau trio d'acteurs, d’où émerge Géraldine Nakache qui interprète la belle-sœur de Vincent. Elle apporte beaucoup de fraicheur au film à chaque fois que son personnage apparait à l'écran. C'est aussi en quelque sorte le double du spectateur, car comme nous elle est en position de spectatrice du duo Noémie-Vincent.
Au final que penser du film ? Malgré toute l'amour que j'ai pour Agnès Jaoui, c'est un gros mouais ... Le début est prometteur, la masterclass est intéressante, les deux acteurs têtes d'affiche sont très bons, mais la mise en scène est sans relief et tous les personnages secondaires (les étudiants et le restaurateur) sont de parfaits clichés. Bref, sans être totalement raté, il y a trop de choses qui sonnent faux dans ce film. Agnès Jaoui méritait tellement mieux.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
J'ai rematé Contact de Robert Zemeckis ...
Jodie Foster a remporté deux Oscars de la meilleure actrice dans sa carrière, un premier pour Les Accusés de Jonathan Kaplan (1989) et un second pour Le Silence des agneaux de Jonathan Demme (1991). Et pourtant, je pense que sa meilleure performance, elle le doit à Contact de Robert Zemeckis, un film qui n'a reçu qu'une seule nomination aux Oscars pour le meilleur son (et une nomination amplement méritée).
“The universe is a pretty big place. If it's just us, seems like an awful waste of space.” Sommes-nous seuls dans ce vaste univers et comment le découvrir ? En tant que femme scientifique, chose qu’elle a voulu être toute sa vie, Ellie Arroway (Jodie Foster) est déterminée à obtenir des réponses. C'est pourquoi elle construit le plus grand des radiotélescopes, afin de capter les ondes radioélectriques émises par les astres. Elle espère que quelqu’un dans ce vaste univers apportera une réponse à son questionnement intérieur ... et elle obtiendra une réponse. Elle reçoit les plans pour construire une machine à voyage spatio-temporel, le genre de voyage en distorsion que le Capitaine James T. Kirk aurait souhaité expérimenter. Mais voilà, ça tourne horriblement mal la première fois (elle aura droit à un second essai).
Ce que j’aime dans Contact, c’est qu'il nous offre un vaste panel des réactions humaines face à la possibilité d'une vie ailleurs. On a le multimilliardaire (John Hurt) qui veut défier la mort, le géopoliticien (James Woods) qui veut gravir les échelons du pouvoir, l'homme de foi sincèrement religieux (Matthew McConaughey) qui veut voir comment Dieu s’inscrit dans le schéma des choses ... et aussi le terroriste religieux (Jake Busey) qui craint que la montagne de dogmes sur laquelle il a basé sa vie ne s'écroule. Il convient également de mentionner David Morse qui joue le père d'Ellie, d’abord dans des scènes avec Ellie jeune (Jena Malone ) la "prodige des sciences" quand elle était enfant et plus tard Ellie adulte (Jodie Foster) qui au cours de son "voyage" pourra à nouveau parler à son père. Est-ce réel ou est-ce une hallucination ? Ses scènes sont le point culminant du film pour moi.
Contact c'est une référence et une source d'inspiration pour philosopher en se plongeant dans le ciel étoilé. Sommes-nous seuls dans l'univers ? Si oui, ce serait un beau gâchis d'espace, non ? Contact ne prend pas réellement parti, il part simplement du principe que l’humanité fait des "petits pas" dans la connaissance de l'univers. L’univers est tellement vaste et nous sommes si petit, que si nous étions seuls, ce serait un beau gâchis d’espace.
Certaines critiques reprochent au film un discours "philosophico-scientifique" un peu trop prétentieux, comme s’il fallait absolument trouver une vie ailleurs plus ou moins à notre image (vision anthropomorphique de l'univers), pour légitimer la taille de l’univers. Or, la vie ailleurs n'a pas obligatoirement la forme qu'on lui connaît chez nous. Bien souvent, on se fait piéger par notre propre anthropocentrisme. La vie pourrait être un phénomène très courant et apparaissant automatiquement selon certaines conditions (conditions favorables à la vie). Qui plus est, la diversité des formes de vie sur Terre (les mammifères, les reptiles, les insectes, les mollusques, ...) offre une bonne piste sur les possibilités infinies de vie qui peuvent apparaitre ailleurs.
La religion et les sciences cherchent à comprendre la vérité sur nos origines, comprendre nos prises de décisions ... mais il y a quand même une différence fondamentale entre la religion et les sciences, c'est la méthode employée pour y parvenir. Contrairement aux religions qui ne savent pas définir Dieu, ou alors une définition très floue, la physique quand à elle obéit à des lois bien établies (dans les sciences, le hasard n'existe pas). En sciences, on cherche à comprendre ce qu'on peut atteindre (via la démarche scientifique), tandis que la religion explore les domaines de la spiritualité, du bonheur, de la sérénité, de l'âme, de l'esprit, de la transcendance ... c'est pourquoi, d'un point de vue scientifique, l'un fonctionne alors que l'autre pas du tout. Les sciences et la religion ont un fondement commun, celui de comprendre, ou d'essayer de comprendre le monde dans lequel on évolue. Entre une méthode qui repose sur la croyance aveugle (et des arguments infalsifiables) et une autre qui repose sur l’observation et l’expérimentation (la méthode expérimentale), on peut effectivement tous constater laquelle produit plus de résultats.
Ce n'est que face au succès des sciences dans la compréhension du savoir, que la religion se voit contrainte de se retirer dans les domaines "hors de portée des sciences". Mais à mon sens, ce n'est qu'une tentative vaine pour tenter de conserver un semblant de pertinence. Malgré tout et en dépit de mon côté cartésien, les sciences et la religion se complètent. Pour vraiment comprendre des choses, il vaut mieux rechercher dans tous les domaines ...
Au final, Contact c'est un véritable voyage sensoriel, très beau et très touchant !
Jodie Foster a remporté deux Oscars de la meilleure actrice dans sa carrière, un premier pour Les Accusés de Jonathan Kaplan (1989) et un second pour Le Silence des agneaux de Jonathan Demme (1991). Et pourtant, je pense que sa meilleure performance, elle le doit à Contact de Robert Zemeckis, un film qui n'a reçu qu'une seule nomination aux Oscars pour le meilleur son (et une nomination amplement méritée).
“The universe is a pretty big place. If it's just us, seems like an awful waste of space.” Sommes-nous seuls dans ce vaste univers et comment le découvrir ? En tant que femme scientifique, chose qu’elle a voulu être toute sa vie, Ellie Arroway (Jodie Foster) est déterminée à obtenir des réponses. C'est pourquoi elle construit le plus grand des radiotélescopes, afin de capter les ondes radioélectriques émises par les astres. Elle espère que quelqu’un dans ce vaste univers apportera une réponse à son questionnement intérieur ... et elle obtiendra une réponse. Elle reçoit les plans pour construire une machine à voyage spatio-temporel, le genre de voyage en distorsion que le Capitaine James T. Kirk aurait souhaité expérimenter. Mais voilà, ça tourne horriblement mal la première fois (elle aura droit à un second essai).
Ce que j’aime dans Contact, c’est qu'il nous offre un vaste panel des réactions humaines face à la possibilité d'une vie ailleurs. On a le multimilliardaire (John Hurt) qui veut défier la mort, le géopoliticien (James Woods) qui veut gravir les échelons du pouvoir, l'homme de foi sincèrement religieux (Matthew McConaughey) qui veut voir comment Dieu s’inscrit dans le schéma des choses ... et aussi le terroriste religieux (Jake Busey) qui craint que la montagne de dogmes sur laquelle il a basé sa vie ne s'écroule. Il convient également de mentionner David Morse qui joue le père d'Ellie, d’abord dans des scènes avec Ellie jeune (Jena Malone ) la "prodige des sciences" quand elle était enfant et plus tard Ellie adulte (Jodie Foster) qui au cours de son "voyage" pourra à nouveau parler à son père. Est-ce réel ou est-ce une hallucination ? Ses scènes sont le point culminant du film pour moi.
Contact c'est une référence et une source d'inspiration pour philosopher en se plongeant dans le ciel étoilé. Sommes-nous seuls dans l'univers ? Si oui, ce serait un beau gâchis d'espace, non ? Contact ne prend pas réellement parti, il part simplement du principe que l’humanité fait des "petits pas" dans la connaissance de l'univers. L’univers est tellement vaste et nous sommes si petit, que si nous étions seuls, ce serait un beau gâchis d’espace.
Certaines critiques reprochent au film un discours "philosophico-scientifique" un peu trop prétentieux, comme s’il fallait absolument trouver une vie ailleurs plus ou moins à notre image (vision anthropomorphique de l'univers), pour légitimer la taille de l’univers. Or, la vie ailleurs n'a pas obligatoirement la forme qu'on lui connaît chez nous. Bien souvent, on se fait piéger par notre propre anthropocentrisme. La vie pourrait être un phénomène très courant et apparaissant automatiquement selon certaines conditions (conditions favorables à la vie). Qui plus est, la diversité des formes de vie sur Terre (les mammifères, les reptiles, les insectes, les mollusques, ...) offre une bonne piste sur les possibilités infinies de vie qui peuvent apparaitre ailleurs.
La religion et les sciences cherchent à comprendre la vérité sur nos origines, comprendre nos prises de décisions ... mais il y a quand même une différence fondamentale entre la religion et les sciences, c'est la méthode employée pour y parvenir. Contrairement aux religions qui ne savent pas définir Dieu, ou alors une définition très floue, la physique quand à elle obéit à des lois bien établies (dans les sciences, le hasard n'existe pas). En sciences, on cherche à comprendre ce qu'on peut atteindre (via la démarche scientifique), tandis que la religion explore les domaines de la spiritualité, du bonheur, de la sérénité, de l'âme, de l'esprit, de la transcendance ... c'est pourquoi, d'un point de vue scientifique, l'un fonctionne alors que l'autre pas du tout. Les sciences et la religion ont un fondement commun, celui de comprendre, ou d'essayer de comprendre le monde dans lequel on évolue. Entre une méthode qui repose sur la croyance aveugle (et des arguments infalsifiables) et une autre qui repose sur l’observation et l’expérimentation (la méthode expérimentale), on peut effectivement tous constater laquelle produit plus de résultats.
Ce n'est que face au succès des sciences dans la compréhension du savoir, que la religion se voit contrainte de se retirer dans les domaines "hors de portée des sciences". Mais à mon sens, ce n'est qu'une tentative vaine pour tenter de conserver un semblant de pertinence. Malgré tout et en dépit de mon côté cartésien, les sciences et la religion se complètent. Pour vraiment comprendre des choses, il vaut mieux rechercher dans tous les domaines ...
- Spoiler:
- A la toute fin, Ellie est face a un paradoxe, car elle ne peut pas prouver ce qu’elle a vu durant son voyage. Or, c'est justement ce qu’elle reprochait à la religion, d'où le dilemme intérieur. On lui demande de prouver ce qu'elle raconte, de prouver ce qu'elle vient de ressentir, ce dont elle est "incapable" évidemment (car sans preuve). A ce moment-là, elle est en position de faiblesse, elle veut être crue sur parole, ce qui la met sur un même pied d'égalité que les croyants. Mais au final, cela ne change rien a l'affaire, les sciences sont bien au dessus de la religion, car les sciences peuvent prouver les choses. Le film entretient le flou entre les sciences et la religion pour ne pas se mettre à dos les croyants. En apparence, la religion semble sortir vainqueur, mais de façon malhonnête.
Au final, Contact c'est un véritable voyage sensoriel, très beau et très touchant !
lessthantod- Docteur Chef de Service ***
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
J'ai maté Le Chien des Baskerville de la Hammer ...
Des films de la Hammer, il y en a un gros paquet, mais des Sherlock Holmes avec Peter Cushing et Christopher Lee, il n'y en a qu'un seul.
Je n’ai pas encore regardé la première adaptation du roman Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) de Sir Arthur Conan Doyle, filmée en 1939 par Sidney Landfield avec Basil Rathbone, Nigel Bruce et Richard Greene. Je ne pourrai donc pas comparer cette version qu'on peut encore qualifier de classique, avec celle de la Hammer réalisée par Terence Fisher et qui nous intéresse ici. Mais toujours est-il que pour une production à faible budget de la Hammer, c'est probablement l'un des meilleurs films de la firme.
Toute la direction artistique du film (décors et photographie) est très soignée et crée une ambiance très particulière (une marque de fabrique la Hammer). Et puis bien sûr, à l'image du célèbre roman policier dont il est adapté, la mécanique de l'intrigue est parfaitement huilée et les dialogues sont délicieux (plus particulièrement ceux entre Sherlock Holmes et le docteur Watson). Quant à Peter Cushing, André Morell et Christopher Lee, ils sont parfaits dans leurs rôles respectifs.
Le Chien des Baskerville est très certainement le roman policier le plus célèbre écrit par Arthur Conan Doyle. Sherlock Holmes (Peter Cushing) et le docteur Watson (Andre Morell) sont engagés par le docteur Mortimer (Francis De Wolff) pour enquêter sur le meurtre de Sr Hugo Baskerville. Mortimer demande à Sherlock Holmes de l’aider à protéger Sir Henry Baskerville (Christopher Lee), le seul héritier des Baskerville après la mort de son oncle. Sir Charles est victime d’une crise cardiaque et le Docteur Mortimer pense qu’il est mort de frayeur. Il semble y avoir une malédiction sur la famille datant de près de 200 ans, lorsque Sir Hugo Baskerville aurait été tué par un énorme chien au cœur des landes du Devonshire.
Sherlock Holmes rejette toute idée d'une cause surnaturelle, expliquant la mort de Sir Hugo Baskerville, mais il y a un nombre suffisant d’événements étranges pour piquer son intérêt. Holmes se rend vite compte que quelqu’un tente de faire passer la légende pour la réalité. Quant à Watson, il se rend au manoir pour enquêter et y rencontre les domestiques (John Le Mesurier), ainsi que Stapleton (Ewen Solon) et sa très jolie fille (Marla Landi). Pendant ce temps, un prisonnier s’est échappé et les aboiements d’une bête sauvage retentissent dans la lande.
Le Chien des Baskerville est une excellente adaptation et un excellent film, qui profite grandement de sa grande fidélité avec son matériel source (le splendide roman d’Arthur Conan Doyle). L'enquête menée par Homes & Watson est passionnante, avec des éléments d’horreur dans le pure style de la Hammer de cette époque. C’est vraiment très prenant, avec beaucoup de suspense, du mystère, de la tension et des sensations fortes. De plus, l'intrigue ne souffre d'aucun de temps morts (le film est très court ceci-dit) et les paysages semblent être des personnages du roman, tant ils sont présents.
Et que dire de Peter Cushing, génial dans le rôle de Sherlock Holmes. Il interprète un Holmes fumeur de pipe intelligent, obstiné et à la recherche du moindre indice, couvant du regard les moindres faits et geste de chaque suspect à ses yeux. Face à Peter Cushing, il fallait bien tout l'aura et tout le charisme de Christopher Lee pour lui donner la réplique. Il joue à la perfection un Sir Henry Baskerville à la fois séduisant, dangereux et mystérieux. Quant à André Morell, c'est lui qui joue le rôle du docteur Watson, l'ami rusé et fidèle de Holmes. Le Chien des Baskerville est réalisé avec précision par le maître de la "Hammer House of Horror", le grand Terence Fisher. Ainsi, l'atmosphère est singulière et effrayante, surtout quand on se retrouve dans les décors de la lande où vit la bête géante (et effrayante).
Même si je ne suis pas le mieux placé pour le dire, Le Chien des Baskerville c'est très certainement l’une des meilleures adaptations des romans de Sir Arthur Conan Doyle (si ce n'est LA meilleure) et l'un des meilleurs films de la Hammer (si ce n'est Le meilleur).
Des films de la Hammer, il y en a un gros paquet, mais des Sherlock Holmes avec Peter Cushing et Christopher Lee, il n'y en a qu'un seul.
Je n’ai pas encore regardé la première adaptation du roman Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) de Sir Arthur Conan Doyle, filmée en 1939 par Sidney Landfield avec Basil Rathbone, Nigel Bruce et Richard Greene. Je ne pourrai donc pas comparer cette version qu'on peut encore qualifier de classique, avec celle de la Hammer réalisée par Terence Fisher et qui nous intéresse ici. Mais toujours est-il que pour une production à faible budget de la Hammer, c'est probablement l'un des meilleurs films de la firme.
Toute la direction artistique du film (décors et photographie) est très soignée et crée une ambiance très particulière (une marque de fabrique la Hammer). Et puis bien sûr, à l'image du célèbre roman policier dont il est adapté, la mécanique de l'intrigue est parfaitement huilée et les dialogues sont délicieux (plus particulièrement ceux entre Sherlock Holmes et le docteur Watson). Quant à Peter Cushing, André Morell et Christopher Lee, ils sont parfaits dans leurs rôles respectifs.
Le Chien des Baskerville est très certainement le roman policier le plus célèbre écrit par Arthur Conan Doyle. Sherlock Holmes (Peter Cushing) et le docteur Watson (Andre Morell) sont engagés par le docteur Mortimer (Francis De Wolff) pour enquêter sur le meurtre de Sr Hugo Baskerville. Mortimer demande à Sherlock Holmes de l’aider à protéger Sir Henry Baskerville (Christopher Lee), le seul héritier des Baskerville après la mort de son oncle. Sir Charles est victime d’une crise cardiaque et le Docteur Mortimer pense qu’il est mort de frayeur. Il semble y avoir une malédiction sur la famille datant de près de 200 ans, lorsque Sir Hugo Baskerville aurait été tué par un énorme chien au cœur des landes du Devonshire.
Sherlock Holmes rejette toute idée d'une cause surnaturelle, expliquant la mort de Sir Hugo Baskerville, mais il y a un nombre suffisant d’événements étranges pour piquer son intérêt. Holmes se rend vite compte que quelqu’un tente de faire passer la légende pour la réalité. Quant à Watson, il se rend au manoir pour enquêter et y rencontre les domestiques (John Le Mesurier), ainsi que Stapleton (Ewen Solon) et sa très jolie fille (Marla Landi). Pendant ce temps, un prisonnier s’est échappé et les aboiements d’une bête sauvage retentissent dans la lande.
Le Chien des Baskerville est une excellente adaptation et un excellent film, qui profite grandement de sa grande fidélité avec son matériel source (le splendide roman d’Arthur Conan Doyle). L'enquête menée par Homes & Watson est passionnante, avec des éléments d’horreur dans le pure style de la Hammer de cette époque. C’est vraiment très prenant, avec beaucoup de suspense, du mystère, de la tension et des sensations fortes. De plus, l'intrigue ne souffre d'aucun de temps morts (le film est très court ceci-dit) et les paysages semblent être des personnages du roman, tant ils sont présents.
Et que dire de Peter Cushing, génial dans le rôle de Sherlock Holmes. Il interprète un Holmes fumeur de pipe intelligent, obstiné et à la recherche du moindre indice, couvant du regard les moindres faits et geste de chaque suspect à ses yeux. Face à Peter Cushing, il fallait bien tout l'aura et tout le charisme de Christopher Lee pour lui donner la réplique. Il joue à la perfection un Sir Henry Baskerville à la fois séduisant, dangereux et mystérieux. Quant à André Morell, c'est lui qui joue le rôle du docteur Watson, l'ami rusé et fidèle de Holmes. Le Chien des Baskerville est réalisé avec précision par le maître de la "Hammer House of Horror", le grand Terence Fisher. Ainsi, l'atmosphère est singulière et effrayante, surtout quand on se retrouve dans les décors de la lande où vit la bête géante (et effrayante).
Même si je ne suis pas le mieux placé pour le dire, Le Chien des Baskerville c'est très certainement l’une des meilleures adaptations des romans de Sir Arthur Conan Doyle (si ce n'est LA meilleure) et l'un des meilleurs films de la Hammer (si ce n'est Le meilleur).
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
J'ai maté Le Joker de Todd Phillips ...
Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) écrit dans son petit cahier : "I just hope my death makes more cents (sense) than my life." On assiste à la "mort" d'Arthur Fleck et à la "naissance" du Joker ...
Joker est un film qui adopte le point de vue de son personnage principal Arthur Fleck/le Joker, un personnage erratique et au bord de la folie. On ne peut jamais se fier à ce qu’il fait ou ce qu’il dit, tout est sujet à interprétation. Et si on a l'impression que chacune de ses actions est justifiée, c'est seulement parce que c'est lui qui trouve une justification à tout. On peut trouver tout un tas de films références à ce Joker de Todd Phillips, à commencer par Fight Club, V pour Vendetta, The Machinist, Watchmen ... mais aussi et surtout Taxi Driver et La Valse des Pantins (petit miroir sympa pour Robert De Niro). Comme dans Fight Club, tout est sujet à interprétation, tout est ambigu. Je pense qu'il me faudra un second visionnage (comme pour Fight Club) afin de repérer tous les petits détails cachés dans la mise en scène ou dans les dialogues.
On se pose dix mille questions devant ce film et sur Arthur Fleck : Quelle est la part de folie en lui ? Quelle est la part de folie en lui, induite par son entourage ? Que ferions-nous à sa place ? Tous ses malheurs, qui s'apparentent à de l'harcèlement scolaire, forcent à l’empathie, mais ses actions provoquent le malaise. Todd Phillips parvient plus ou moins bien à rester sur la tangente, à ne pas en faire trop, ne pas en faire le héros désigné du peuple, même si je trouve tout de même qu'il laisse un peu trop de place à l’empathie.
Le peuple choisit, certes ... mais parfois, il choisit mal. Le Joker a été choisi par le peuple. Or, le Joker est tout sauf saint d'esprit, c'est un psychopathe, un meurtrier et un malade mental. Hitler lui aussi a été choisi par le peuple. Il faut donc se méfier du peuple et de son pouvoir de décision. Le Joker devient un sorte de symbole "malgré lui" dans un Gotham des années 20-30, une ville fictive qui ressemble à New York ou à Chicago et à une époque où le peuple est fasciné par les gangsters.
Le film laisse libre cours à l'interprétation. Certains y verront une révolte populaire violente qui a trouvé son leader. D'autres comme moi y verront un artiste raté qui a enfin trouvé son public : "For my whole life, I didn't know if I even really existed. But I do, and people are starting to notice." Le Joker n'en a que faire des révoltes. D'ailleurs, ces révoltes se déroulent en parallèle de son propre parcours, sans jamais se croiser. Arthur Fleck veut juste qu'on sache qu'il existe et il devient le Joker justement parce qu'il veut qu'on le remarque et qu'on l'aime. Todd Phillips montre bien à quel point il apprécie cette mise en lumière, il la savoure même. C'est ce qu'il recherche, la mise en lumière. Il n'en a que faire d'une lutte qui le dépasse et voulant faire de lui un leader du peuple.
Le Joker se berce dans ses illusions, préférant croire que la foule l'acclame pour lui et pas pour ce qu'il représente. Il a réussi à monter sa grande comédie : "I used to think that my life was a tragedy, but now I realize, it's a fucking comedy." Arthur ne se voit pas du tout comme un leader du peuple ou comme la voix du peuple. Dans son délire à lui, c'est un comique et il veut que le peuple l'admire pour sa grande comédie. Or, dans la réalité, c'est un homme tragique, c'est la voix du peuple.
Todd Phillips ne justifie jamais les actions violentes du Joker, mais il met tout de même en lumière le dédain, la méchanceté et les injustices permanentes dont il fait l'objet. Il montre l'ignorance de la majeure partie du peuple à l'égard des gens qui sont soit dans le besoin, soit en situation d'handicap (mental ou physique). En tant que personne elle-même rejetée par la société depuis son enfance, Arthur Fleck comprend le désarroi d'une personne en situation de faiblesse. Le fait de rire devant certaines situations tragiques, montre sa souffrance à lui. Les situations impliquant son collègue de petite taille (un nain, quoi !) en est un bon exemple. Lui aussi est en situation de faiblesse, lui aussi est rejeté par la société pour ce qu'il est. Or, parmi tous ses collègues, lui seul le traite avec respect et avec humanité ...
Et puis il y a la performance de Joaquin Phoenix, magistral dans le rôle d'Arthur Fleck puis du Joker. En suivant l'exemple de Christian Bale dans The Machinist, il a décidé de se transformer physiquement pour ce rôle, en perdant "facile" plus de 20 kg. On voit ses côtes, ses omoplates décharnées, le dos couvert de bleus après s'être fait tabasser dans la rue. On voit un corps tout frêle, tout maigre. On a l'impression que son corps est enfermé dans un cocon et qu'il va se déchirer pour donner naissance à une créature monstrueuse. On ressent aussi tout son malaise à travers son rire incontrôlé et de son désir ardent (bien que maladroit) de faire rire son prochain. La scène du bus avec l'enfant l'illustre parfaitement.
Au final, Todd Phillips montre comment les plus démunis sont laissés dans la misère, ce qui peut contribuer à en faire des monstres. Certains parmi les plus démunis finissent par le devenir, à défaut d'espoir et de raison d'exister. C'est ce que le personnage dit à sa psychologue "For my whole life, I didn't know if I even really existed. But I do, and people are starting to notice." Rien ne peut générer plus de haine et de violence, que le fait d'être humilié en public et d'être rabaissé à répétition. N'importe qui peut basculer un jour ou l'autre, parce que laissé pour compte. Lorsqu'il devient violent, le Joker ne semble pas y prendre particulièrement du plaisir comme le font généralement de nombreux violeurs, pédophiles et autres tueurs en série. Cette violence en fait bien évidemment un criminel, qui doit payer pour ses actes. En prenant un peu de recul et sans vouloir l'excuser, on peut comprendre ses actes (même ses actes les plus extrêmes). Les médias (ici un talkshow) profitent de sa faiblesse, pour vendre des produits, pour créer des besoins, pour faire oublier un quotidien difficile.
Et si beaucoup de gens se retrouvent dans dans le Joker, c'est que l'injustice dénoncée dans ce film est plus que jamais réelle et forte. Si les gens n'avaient aucune raison de se plaindre, s'ils se sentaient valorisés et avaient confiance dans leurs dirigeants, un film aussi profond soit-il ne suffirait en rien à les faire réagir de la sorte, car la question de s'identifier au personnage ne leur viendrait même pas à l'esprit.
Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) écrit dans son petit cahier : "I just hope my death makes more cents (sense) than my life." On assiste à la "mort" d'Arthur Fleck et à la "naissance" du Joker ...
- Spoiler:
- Et on peut le constater à la fin du film, quand les 2 clowns l'extirpent de la voiture, comme s'il s'agissait de sa naissance.
Joker est un film qui adopte le point de vue de son personnage principal Arthur Fleck/le Joker, un personnage erratique et au bord de la folie. On ne peut jamais se fier à ce qu’il fait ou ce qu’il dit, tout est sujet à interprétation. Et si on a l'impression que chacune de ses actions est justifiée, c'est seulement parce que c'est lui qui trouve une justification à tout. On peut trouver tout un tas de films références à ce Joker de Todd Phillips, à commencer par Fight Club, V pour Vendetta, The Machinist, Watchmen ... mais aussi et surtout Taxi Driver et La Valse des Pantins (petit miroir sympa pour Robert De Niro). Comme dans Fight Club, tout est sujet à interprétation, tout est ambigu. Je pense qu'il me faudra un second visionnage (comme pour Fight Club) afin de repérer tous les petits détails cachés dans la mise en scène ou dans les dialogues.
On se pose dix mille questions devant ce film et sur Arthur Fleck : Quelle est la part de folie en lui ? Quelle est la part de folie en lui, induite par son entourage ? Que ferions-nous à sa place ? Tous ses malheurs, qui s'apparentent à de l'harcèlement scolaire, forcent à l’empathie, mais ses actions provoquent le malaise. Todd Phillips parvient plus ou moins bien à rester sur la tangente, à ne pas en faire trop, ne pas en faire le héros désigné du peuple, même si je trouve tout de même qu'il laisse un peu trop de place à l’empathie.
Le peuple choisit, certes ... mais parfois, il choisit mal. Le Joker a été choisi par le peuple. Or, le Joker est tout sauf saint d'esprit, c'est un psychopathe, un meurtrier et un malade mental. Hitler lui aussi a été choisi par le peuple. Il faut donc se méfier du peuple et de son pouvoir de décision. Le Joker devient un sorte de symbole "malgré lui" dans un Gotham des années 20-30, une ville fictive qui ressemble à New York ou à Chicago et à une époque où le peuple est fasciné par les gangsters.
Le film laisse libre cours à l'interprétation. Certains y verront une révolte populaire violente qui a trouvé son leader. D'autres comme moi y verront un artiste raté qui a enfin trouvé son public : "For my whole life, I didn't know if I even really existed. But I do, and people are starting to notice." Le Joker n'en a que faire des révoltes. D'ailleurs, ces révoltes se déroulent en parallèle de son propre parcours, sans jamais se croiser. Arthur Fleck veut juste qu'on sache qu'il existe et il devient le Joker justement parce qu'il veut qu'on le remarque et qu'on l'aime. Todd Phillips montre bien à quel point il apprécie cette mise en lumière, il la savoure même. C'est ce qu'il recherche, la mise en lumière. Il n'en a que faire d'une lutte qui le dépasse et voulant faire de lui un leader du peuple.
Le Joker se berce dans ses illusions, préférant croire que la foule l'acclame pour lui et pas pour ce qu'il représente. Il a réussi à monter sa grande comédie : "I used to think that my life was a tragedy, but now I realize, it's a fucking comedy." Arthur ne se voit pas du tout comme un leader du peuple ou comme la voix du peuple. Dans son délire à lui, c'est un comique et il veut que le peuple l'admire pour sa grande comédie. Or, dans la réalité, c'est un homme tragique, c'est la voix du peuple.
Todd Phillips ne justifie jamais les actions violentes du Joker, mais il met tout de même en lumière le dédain, la méchanceté et les injustices permanentes dont il fait l'objet. Il montre l'ignorance de la majeure partie du peuple à l'égard des gens qui sont soit dans le besoin, soit en situation d'handicap (mental ou physique). En tant que personne elle-même rejetée par la société depuis son enfance, Arthur Fleck comprend le désarroi d'une personne en situation de faiblesse. Le fait de rire devant certaines situations tragiques, montre sa souffrance à lui. Les situations impliquant son collègue de petite taille (un nain, quoi !) en est un bon exemple. Lui aussi est en situation de faiblesse, lui aussi est rejeté par la société pour ce qu'il est. Or, parmi tous ses collègues, lui seul le traite avec respect et avec humanité ...
- Spoiler:
- J'ai eu des frissons au moment où le nain tente d'ouvrir la porte pour fuir, mais qu'il échoue parce qu'il est trop petit pour atteindre le loquet. Sur le moment, le joker est absolument terrifiant et drôle en même temps. Une situation tragique devient comique, à travers un humour noir, très noir.
Et puis il y a la performance de Joaquin Phoenix, magistral dans le rôle d'Arthur Fleck puis du Joker. En suivant l'exemple de Christian Bale dans The Machinist, il a décidé de se transformer physiquement pour ce rôle, en perdant "facile" plus de 20 kg. On voit ses côtes, ses omoplates décharnées, le dos couvert de bleus après s'être fait tabasser dans la rue. On voit un corps tout frêle, tout maigre. On a l'impression que son corps est enfermé dans un cocon et qu'il va se déchirer pour donner naissance à une créature monstrueuse. On ressent aussi tout son malaise à travers son rire incontrôlé et de son désir ardent (bien que maladroit) de faire rire son prochain. La scène du bus avec l'enfant l'illustre parfaitement.
Au final, Todd Phillips montre comment les plus démunis sont laissés dans la misère, ce qui peut contribuer à en faire des monstres. Certains parmi les plus démunis finissent par le devenir, à défaut d'espoir et de raison d'exister. C'est ce que le personnage dit à sa psychologue "For my whole life, I didn't know if I even really existed. But I do, and people are starting to notice." Rien ne peut générer plus de haine et de violence, que le fait d'être humilié en public et d'être rabaissé à répétition. N'importe qui peut basculer un jour ou l'autre, parce que laissé pour compte. Lorsqu'il devient violent, le Joker ne semble pas y prendre particulièrement du plaisir comme le font généralement de nombreux violeurs, pédophiles et autres tueurs en série. Cette violence en fait bien évidemment un criminel, qui doit payer pour ses actes. En prenant un peu de recul et sans vouloir l'excuser, on peut comprendre ses actes (même ses actes les plus extrêmes). Les médias (ici un talkshow) profitent de sa faiblesse, pour vendre des produits, pour créer des besoins, pour faire oublier un quotidien difficile.
Et si beaucoup de gens se retrouvent dans dans le Joker, c'est que l'injustice dénoncée dans ce film est plus que jamais réelle et forte. Si les gens n'avaient aucune raison de se plaindre, s'ils se sentaient valorisés et avaient confiance dans leurs dirigeants, un film aussi profond soit-il ne suffirait en rien à les faire réagir de la sorte, car la question de s'identifier au personnage ne leur viendrait même pas à l'esprit.
Dernière édition par lessthantod le Ven 9 Juin 2023 - 1:58, édité 2 fois
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
lessthantod a écrit:
Certaines critiques reprochent au film un discours "philosophico-scientifique" un peu trop prétentieux, comme s’il fallait absolument trouver une vie ailleurs plus ou moins à notre image (vision anthropomorphique de l'univers), pour légitimer la taille de l’univers. Or, la vie ailleurs n'a pas obligatoirement la forme qu'on lui connaît chez nous. Bien souvent, on se fait piéger par notre propre anthropocentrisme. La vie pourrait être un phénomène très courant et apparaissant automatiquement selon certaines conditions (conditions favorables à la vie). Qui plus est, la diversité des formes de vie sur Terre (les mammifères, les reptiles, les insectes, les mollusques, ...) offre une bonne piste sur les possibilités infinies de vie qui peuvent apparaitre ailleurs.
Certes il y a une multitude de formes de vies... mais peut etre que la forme humanoide est la seule qui permet de se developper dans cet univers... tu vois mal des baleines voyager dans l'espace
D'ailleurs on voit bien comment l'univers est totalement uniforme partout.... il y a des galaxies, étoiles, planetes, qui semblent partout respecter les memes regles... on peut imaginer que c'est la meme chose pour les formes de vie.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Réflexion très intéressante qui me force à reconsidérer la chose :)drfloyd a écrit:D'ailleurs on voit bien comment l'univers est totalement uniforme partout.... il y a des galaxies, étoiles, planetes, qui semblent partout respecter les memes regles... on peut imaginer que c'est la meme chose pour les formes de vie.
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
oui oui je peux faire des reflexions intelligentes parfois
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
drfloyd a écrit:lessthantod a écrit:
Certaines critiques reprochent au film un discours "philosophico-scientifique" un peu trop prétentieux, comme s’il fallait absolument trouver une vie ailleurs plus ou moins à notre image (vision anthropomorphique de l'univers), pour légitimer la taille de l’univers. Or, la vie ailleurs n'a pas obligatoirement la forme qu'on lui connaît chez nous. Bien souvent, on se fait piéger par notre propre anthropocentrisme. La vie pourrait être un phénomène très courant et apparaissant automatiquement selon certaines conditions (conditions favorables à la vie). Qui plus est, la diversité des formes de vie sur Terre (les mammifères, les reptiles, les insectes, les mollusques, ...) offre une bonne piste sur les possibilités infinies de vie qui peuvent apparaitre ailleurs.
Certes il y a une multitude de formes de vies... mais peut etre que la forme humanoide est la seule qui permet de se developper dans cet univers... tu vois mal des baleines voyager dans l'espace
D'ailleurs on voit bien comment l'univers est totalement uniforme partout.... il y a des galaxies, étoiles, planetes, qui semblent partout respecter les memes regles... on peut imaginer que c'est la meme chose pour les formes de vie.
Les lois physiques sont les mêmes non ? Partout dans l’univers
Donc l’évolution est possiblement la même à des temporalités différentes sans doute.
Il y a tellement d’étoiles et de planètes.
Ataré- Dr du Suppo Suprême *****
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Aujourd'hui, je m'emmerdais un peu alors j'ai maté 2 films français récents pour avoir le moral encore plus à plat.
Et j'ai donc choisi les N°2 et 3 du box-office 2023 (pour l'instant), à savoir Astérix et mes couilles au milieu et Abibiyali.com 2. Du lourd! On va se poiler!
Soyons honnêtes : pour le second, il y a des blagues qui fonctionnent bien, et même si je trouve que 4,3 millions de spectateurs, c'est trop pour cette succession de gags, dans l'ensemble, ça reste correct. A voir une fois un dimanche pluvieux (c'était le cas).
Mais pour Astérix, c'est d'une nullité affligeante. Je ne pensais pas qu'il était possible de faire pire que Contre César et qu'Au service de sa Majesté, mais celui-là réussit à les battre tous les deux. Et si j'ai trouvé le film ennuyeux et nul tout du long, j'ai eu la surprise à la fin de me rendre compte qu'il pouvait en prime être gênant. Tu sais, comme quand t'étais ado, que tu regardais un film avec tes parents et que d'un coup il y avait une scène un peu olé olé. Ben là, c'était pareil mais sans le olé olé. Juste le côté embarrassant lors du banquet final pourtant culte. Et une fois cette scène passée, on se dit que c'est bon, c'est terminé. Que nenni! L'ami Guillaume Canix s'est amusé à rajouter une scène complètement inutile, qu'il aurait tout aussi bien pu placer avant celle du banquet final. Du coup, même le fondu au noir qui clôt le film est raté.
Bref, y a rien qui va dans ce film. Et dire qu'Uderzo a privé Jugnot de faire sa version d'Astérix en 2006 mais que ce truc-là a eu l'accord de ses descendants.
Et j'ai donc choisi les N°2 et 3 du box-office 2023 (pour l'instant), à savoir Astérix et mes couilles au milieu et Abibiyali.com 2. Du lourd! On va se poiler!
Soyons honnêtes : pour le second, il y a des blagues qui fonctionnent bien, et même si je trouve que 4,3 millions de spectateurs, c'est trop pour cette succession de gags, dans l'ensemble, ça reste correct. A voir une fois un dimanche pluvieux (c'était le cas).
Mais pour Astérix, c'est d'une nullité affligeante. Je ne pensais pas qu'il était possible de faire pire que Contre César et qu'Au service de sa Majesté, mais celui-là réussit à les battre tous les deux. Et si j'ai trouvé le film ennuyeux et nul tout du long, j'ai eu la surprise à la fin de me rendre compte qu'il pouvait en prime être gênant. Tu sais, comme quand t'étais ado, que tu regardais un film avec tes parents et que d'un coup il y avait une scène un peu olé olé. Ben là, c'était pareil mais sans le olé olé. Juste le côté embarrassant lors du banquet final pourtant culte. Et une fois cette scène passée, on se dit que c'est bon, c'est terminé. Que nenni! L'ami Guillaume Canix s'est amusé à rajouter une scène complètement inutile, qu'il aurait tout aussi bien pu placer avant celle du banquet final. Du coup, même le fondu au noir qui clôt le film est raté.
Bref, y a rien qui va dans ce film. Et dire qu'Uderzo a privé Jugnot de faire sa version d'Astérix en 2006 mais que ce truc-là a eu l'accord de ses descendants.
Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Ataré a écrit:drfloyd a écrit:lessthantod a écrit:
Certaines critiques reprochent au film un discours "philosophico-scientifique" un peu trop prétentieux, comme s’il fallait absolument trouver une vie ailleurs plus ou moins à notre image (vision anthropomorphique de l'univers), pour légitimer la taille de l’univers. Or, la vie ailleurs n'a pas obligatoirement la forme qu'on lui connaît chez nous. Bien souvent, on se fait piéger par notre propre anthropocentrisme. La vie pourrait être un phénomène très courant et apparaissant automatiquement selon certaines conditions (conditions favorables à la vie). Qui plus est, la diversité des formes de vie sur Terre (les mammifères, les reptiles, les insectes, les mollusques, ...) offre une bonne piste sur les possibilités infinies de vie qui peuvent apparaitre ailleurs.
Certes il y a une multitude de formes de vies... mais peut etre que la forme humanoide est la seule qui permet de se developper dans cet univers... tu vois mal des baleines voyager dans l'espace
D'ailleurs on voit bien comment l'univers est totalement uniforme partout.... il y a des galaxies, étoiles, planetes, qui semblent partout respecter les memes regles... on peut imaginer que c'est la meme chose pour les formes de vie.
Les lois physiques sont les mêmes non ? Partout dans l’univers
Donc l’évolution est possiblement la même à des temporalités différentes sans doute.
Il y a tellement d’étoiles et de planètes.
c'est le principe même de l'univers, c'est qu'on en ignore la quasi totalité. on n'a jamais dépassé quelques planètes du système solaire et uniquement avec des machines.
Alors penser que les lois physiques sont les mêmes partout cela n'a aucun sens. dans les trous noirs, les lois physiques sont elles les mêmes que sur terre ?
Penser que la forme humanoïde est la seule qui permet de voyager c'est vraiment raisonner uniquement par rapport à la terre. Or on peut aussi penser qu'au contraire la forme humanoïde est un désavantage. il y a énormément de livres de science fiction qui parlent de ça
Ex : 2001 l'odyssée de l'espace et ses suites surtout.
Le 1er astronaute à visiter Jupiter découvre un passage vers des univers éloignés où il est transformé en pur esprit, sans matière, fait de pure énergie. il voyage à travers les univers et revient dans le système solaire, employé par des êtres supérieurs pour surveiller et favoriser l'évolution de la vie dans le système solaire.
Ex : tous les livres de science fiction où la vie a pris la forme de machines.
corben- Interne
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
J'ai rematé le Batman Le Défi de Tim Burton ...
Tous ceux qui me connaissent bien, savent que j’aime beaucoup le cinéma de Tim Burton, le seul, le vrai, l'unique ... celui des années 90, ou tout du moins jusqu'à Sleepy Hollow (la suite de sa carrière, c'est une autre histoire). Pour moi, le style de Tim Burton transcende largement les défauts du film, à commencer par un scénario remplit de facilités et d'incohérences. Mais peu importe, il se dégage une telle magie et une telle poésie de ce film. À bien des égards, Batman Lé Défi c'est comme un film d’épouvante qui donne les premiers rôles aux monstres, créatures et autres marginaux, le tout enrobé d'humour noir.
Comme pour le premier Batman, Tim Burton fait encore de nombreuses références à d’autres films, mais au lieu d'invoquer Vertigo (1958) et Star Wars (1977), il invoque ici des films comme Charlie et la chocolaterie (celui de 1971, avant qu'il ne réalise le remake), Eléphant Man et les films de zombies. On y décèle également dans son esthétique gothique, une grande influence du cinéma expressionniste allemand (Faust, Metropolis, Nosferatu ...), ainsi que des films de la Hammer (Frankeinstein, Dracula, Le Chien de Baskerville ...), à leur tour glorifié (l'ambiance macabre) et parodié (le ton ironique).
Batman Le défi est un film parfait à regarder pendant les fêtes de fin d'année, car l’atmosphère de Noël que Tim Burton imagine pour Gotham City, est merveilleuse. L'ambiance sombre, gothique et fantastique du film est géniale. De plus, il a eu la bonne idée de filmer Gotham enneigé, conférant une atmosphère étrange au film. L'ambiance sombre de la ville se marie étonnamment très bien avec la blancheur de la neige. C’est surprenant que la Warner ait décidé à l'époque de sortir ce film en été, labélisé comme un blockbuster estival ... ça sentait l'échec assuré au box-office et ça n'aura pas loupé, malheureusement !
Ce qui est encore plus étrange, quand on considère l'esthétique et l'ambiance "dark" du film, c’est qu’il était vendu comme un film familial. Un couple de la classe supérieure jette leur bébé monstre dans les égouts. Un milliardaire sociopathe s’habille en cuir noir comme un mammifère volant et nocturne (Michael Keaton aka Bruce Wayne/Batman). Une secrétaire solitaire a une dépression mentale et s’habille en cuir noir comme un félin (Michelle Pfeiffer aka Selina Kyle/Catwoman). Devenu adulte, le bébé monstre se présente en politique au poste du maire de Gotham (Danny DeVito aka Oswald Cobblepot/Le Pingouin), tout en étant soutenu par un magnat des affaires semblable à un Trump toujours plus avide de pouvoir (Christopher Walken aka Max Shreck). Sans parler du sous-texte SM que Tim Burton a réussi à insuffler au film. L'univers gothique de Tim Burton correspond parfaitement à Batman et c'est (selon moi) le sommet de sa carrière (avec Edward aux mains d'argent). Voici Tim Burton et son style "Burtoneste".
C’est une véritable incarnation en live-action du personnage de DC Comics et Tim Burton aurait vraiment dû être conservé sur la franchise, pour la garder sur la bonne trajectoire, au lieu qu’elle ne s’écrase sous la direction de Joel Schumacher. Christopher Nolan réussira l'exploit de ressusciter la franchise, mais je préfère la vision "film de monstres" et conte fantastique des Batman de Tim Burton. Le Dark Knight de Christopher Nolan est plus réaliste et adulte. Plus généralement, tous les films de Christopher Nolan se prennent très, très au sérieux ... trop au sérieux. Ils sont souvent déprimants, austères et dénués d'humour, alors que l’approche de Tim Burton et de la série animée qu’elle a inspirée (Batman animated de Paul Dini et Bruce Timm), est plus dans le style conte fantastique, ce qui correspond mieux à Batman. C'est pourquoi Batman Le Défi continue de résonner en moi et de conquérir de nouveaux fans, encore aujourd'hui.
Encore plus sombre et plus violent que le premier Batman, Batman Le Défi repousse les limites du pathos gothique. Il atteint même un nouveau sommet dans le genre. J’étais très enthousiaste à l’égard de Michael Keaton dans le rôle de Bruce Wayne, il affichait le bon équilibre entre l'homme d'affaire solitaire (et bizarre) et le chevalier noir très cool. Bruce Wayne/Batman, c'est un personnage très "en dedans", qui parle moins qu'il n'agit. Le génie de Tim Burton (et de Michael Keaton) réside dans le fait qu'il a su lui faire dire l'essentiel pour nous faire comprendre sa souffrance intérieure. J'ai toujours trouvé que la force de l'univers des Batman, c'est qu'on en vient limite à plus s'attacher aux méchants qu'au héros et ça, Tim Burton l'a bien compris. L'attirance sexuelle entre Bruce Wayne/Batman et Selina Kyle/Catwoman, fait très clairement allusion au sadomasochisme, ce qui renforce le coté ambiguë et torturé de personnage, qui doit aimer les femmes complètement barges et psychotiques.
Michelle Pfeiffer est incroyable dans le rôle de Selina Kyle/Catwoman. Elle évolue dans une société où la femme n'est pas respectée, où la femme est tout simplement prise pour une conne, puisqu'on ne lui attribue que des rôles de subalternes (encore plus vrai pour cette pauvre Selina Kyle). Sous les "traits" de Tim Burton, dans sa tenue en Latex moulante laissant voir toute ses formes, Catwoman est une icône sexuelle ultra-sexy. Elle nourrissait mon fantasme d'adolescent de quatorze ans (à l'époque). C'est une vision d'homme de la femme et pas sûr que ça participe à leur libération. Son jeu, son air, ses mimiques, sa folie et en même temps sa fragilité, nous captive. Une prestation qui n'est pas évidente à jouer, passant constamment du rire hystérique aux larmes. Elle bouffe littéralement l'écran, surtout lorsqu'elle est filmée en gros plan avec ses yeux qui vous hypnotisent. C'est dingue tout ce que l'on peut voir à travers son jeu ! Aucun doute possible, Michelle Pfeiffer c'est la Catwoman la plus marquante et de loin la mieux interprétée (Anne Hathaway peut aller se rhabiller).
Danny DeVito est tellement convaincant dans le rôle du Pingouin, que ses scènes deviennent quelque peu dérangeantes à regarder. Et puis, le personnage me touche beaucoup. Je verse toujours une petite larme, lorsque ses congénères le transporte dans son ultime scène finale (en mode cortège funèbre). Quand on pense à tout ce qu'a subi ce personnage depuis sa naissance, on ne peut qu'être ému. Tim Burton ne fait pas des méchants qui sont juste méchants, il nous les fait aimer, voire même il nous les fait préférer à Batman lui-même ! Mention spéciale à Christopher Walken, qui est brillant dans le rôle de l’effrayant Max Shreck, un personnage détestable qui mérite d'être détesté.
Les compositions de Danny Elfman sont encore meilleures que dans le premier Batman et ici, pour le coup, on nous épargne les thèmes/chansons horripilantes de Prince. La BO de Danny Elfman est plus puissante et correspond mieux à l'univers de Batman que tout autres compositeurs, n’en déplaise à Hans Zimmer, qui remplit parfaitement le cahier des charges pour les films de Christopher Nolan, mais sans aller au delà. Danny Elfman a donné à Batman une aura sonore qui est devenue mondialement connue et ce sera pour toujours le seul, le vrai, l'unique thème de Batman.
Batman Le Défi est un incontournable pour tout fan de DC Comics. C'est mon aventure préférée du chevalier noir, voire même mon film de super-héros préféré. Tenez-vous-en à la série animée et oubliez les suites. Après le passage catastrophique de Joel Schumacher, Christopher Nolan a redonné de la respectabilité à la franchise, mais c'est Tim Burton a donné le ton à la série originale. Cette incarnation tordue du personnage me manque. En termes de visuels et d’atmosphère générale, c'est un gros 10/10.
Tous ceux qui me connaissent bien, savent que j’aime beaucoup le cinéma de Tim Burton, le seul, le vrai, l'unique ... celui des années 90, ou tout du moins jusqu'à Sleepy Hollow (la suite de sa carrière, c'est une autre histoire). Pour moi, le style de Tim Burton transcende largement les défauts du film, à commencer par un scénario remplit de facilités et d'incohérences. Mais peu importe, il se dégage une telle magie et une telle poésie de ce film. À bien des égards, Batman Lé Défi c'est comme un film d’épouvante qui donne les premiers rôles aux monstres, créatures et autres marginaux, le tout enrobé d'humour noir.
Comme pour le premier Batman, Tim Burton fait encore de nombreuses références à d’autres films, mais au lieu d'invoquer Vertigo (1958) et Star Wars (1977), il invoque ici des films comme Charlie et la chocolaterie (celui de 1971, avant qu'il ne réalise le remake), Eléphant Man et les films de zombies. On y décèle également dans son esthétique gothique, une grande influence du cinéma expressionniste allemand (Faust, Metropolis, Nosferatu ...), ainsi que des films de la Hammer (Frankeinstein, Dracula, Le Chien de Baskerville ...), à leur tour glorifié (l'ambiance macabre) et parodié (le ton ironique).
Batman Le défi est un film parfait à regarder pendant les fêtes de fin d'année, car l’atmosphère de Noël que Tim Burton imagine pour Gotham City, est merveilleuse. L'ambiance sombre, gothique et fantastique du film est géniale. De plus, il a eu la bonne idée de filmer Gotham enneigé, conférant une atmosphère étrange au film. L'ambiance sombre de la ville se marie étonnamment très bien avec la blancheur de la neige. C’est surprenant que la Warner ait décidé à l'époque de sortir ce film en été, labélisé comme un blockbuster estival ... ça sentait l'échec assuré au box-office et ça n'aura pas loupé, malheureusement !
Ce qui est encore plus étrange, quand on considère l'esthétique et l'ambiance "dark" du film, c’est qu’il était vendu comme un film familial. Un couple de la classe supérieure jette leur bébé monstre dans les égouts. Un milliardaire sociopathe s’habille en cuir noir comme un mammifère volant et nocturne (Michael Keaton aka Bruce Wayne/Batman). Une secrétaire solitaire a une dépression mentale et s’habille en cuir noir comme un félin (Michelle Pfeiffer aka Selina Kyle/Catwoman). Devenu adulte, le bébé monstre se présente en politique au poste du maire de Gotham (Danny DeVito aka Oswald Cobblepot/Le Pingouin), tout en étant soutenu par un magnat des affaires semblable à un Trump toujours plus avide de pouvoir (Christopher Walken aka Max Shreck). Sans parler du sous-texte SM que Tim Burton a réussi à insuffler au film. L'univers gothique de Tim Burton correspond parfaitement à Batman et c'est (selon moi) le sommet de sa carrière (avec Edward aux mains d'argent). Voici Tim Burton et son style "Burtoneste".
C’est une véritable incarnation en live-action du personnage de DC Comics et Tim Burton aurait vraiment dû être conservé sur la franchise, pour la garder sur la bonne trajectoire, au lieu qu’elle ne s’écrase sous la direction de Joel Schumacher. Christopher Nolan réussira l'exploit de ressusciter la franchise, mais je préfère la vision "film de monstres" et conte fantastique des Batman de Tim Burton. Le Dark Knight de Christopher Nolan est plus réaliste et adulte. Plus généralement, tous les films de Christopher Nolan se prennent très, très au sérieux ... trop au sérieux. Ils sont souvent déprimants, austères et dénués d'humour, alors que l’approche de Tim Burton et de la série animée qu’elle a inspirée (Batman animated de Paul Dini et Bruce Timm), est plus dans le style conte fantastique, ce qui correspond mieux à Batman. C'est pourquoi Batman Le Défi continue de résonner en moi et de conquérir de nouveaux fans, encore aujourd'hui.
Encore plus sombre et plus violent que le premier Batman, Batman Le Défi repousse les limites du pathos gothique. Il atteint même un nouveau sommet dans le genre. J’étais très enthousiaste à l’égard de Michael Keaton dans le rôle de Bruce Wayne, il affichait le bon équilibre entre l'homme d'affaire solitaire (et bizarre) et le chevalier noir très cool. Bruce Wayne/Batman, c'est un personnage très "en dedans", qui parle moins qu'il n'agit. Le génie de Tim Burton (et de Michael Keaton) réside dans le fait qu'il a su lui faire dire l'essentiel pour nous faire comprendre sa souffrance intérieure. J'ai toujours trouvé que la force de l'univers des Batman, c'est qu'on en vient limite à plus s'attacher aux méchants qu'au héros et ça, Tim Burton l'a bien compris. L'attirance sexuelle entre Bruce Wayne/Batman et Selina Kyle/Catwoman, fait très clairement allusion au sadomasochisme, ce qui renforce le coté ambiguë et torturé de personnage, qui doit aimer les femmes complètement barges et psychotiques.
Michelle Pfeiffer est incroyable dans le rôle de Selina Kyle/Catwoman. Elle évolue dans une société où la femme n'est pas respectée, où la femme est tout simplement prise pour une conne, puisqu'on ne lui attribue que des rôles de subalternes (encore plus vrai pour cette pauvre Selina Kyle). Sous les "traits" de Tim Burton, dans sa tenue en Latex moulante laissant voir toute ses formes, Catwoman est une icône sexuelle ultra-sexy. Elle nourrissait mon fantasme d'adolescent de quatorze ans (à l'époque). C'est une vision d'homme de la femme et pas sûr que ça participe à leur libération. Son jeu, son air, ses mimiques, sa folie et en même temps sa fragilité, nous captive. Une prestation qui n'est pas évidente à jouer, passant constamment du rire hystérique aux larmes. Elle bouffe littéralement l'écran, surtout lorsqu'elle est filmée en gros plan avec ses yeux qui vous hypnotisent. C'est dingue tout ce que l'on peut voir à travers son jeu ! Aucun doute possible, Michelle Pfeiffer c'est la Catwoman la plus marquante et de loin la mieux interprétée (Anne Hathaway peut aller se rhabiller).
Danny DeVito est tellement convaincant dans le rôle du Pingouin, que ses scènes deviennent quelque peu dérangeantes à regarder. Et puis, le personnage me touche beaucoup. Je verse toujours une petite larme, lorsque ses congénères le transporte dans son ultime scène finale (en mode cortège funèbre). Quand on pense à tout ce qu'a subi ce personnage depuis sa naissance, on ne peut qu'être ému. Tim Burton ne fait pas des méchants qui sont juste méchants, il nous les fait aimer, voire même il nous les fait préférer à Batman lui-même ! Mention spéciale à Christopher Walken, qui est brillant dans le rôle de l’effrayant Max Shreck, un personnage détestable qui mérite d'être détesté.
Les compositions de Danny Elfman sont encore meilleures que dans le premier Batman et ici, pour le coup, on nous épargne les thèmes/chansons horripilantes de Prince. La BO de Danny Elfman est plus puissante et correspond mieux à l'univers de Batman que tout autres compositeurs, n’en déplaise à Hans Zimmer, qui remplit parfaitement le cahier des charges pour les films de Christopher Nolan, mais sans aller au delà. Danny Elfman a donné à Batman une aura sonore qui est devenue mondialement connue et ce sera pour toujours le seul, le vrai, l'unique thème de Batman.
Batman Le Défi est un incontournable pour tout fan de DC Comics. C'est mon aventure préférée du chevalier noir, voire même mon film de super-héros préféré. Tenez-vous-en à la série animée et oubliez les suites. Après le passage catastrophique de Joel Schumacher, Christopher Nolan a redonné de la respectabilité à la franchise, mais c'est Tim Burton a donné le ton à la série originale. Cette incarnation tordue du personnage me manque. En termes de visuels et d’atmosphère générale, c'est un gros 10/10.
lessthantod- Docteur Chef de Service ***
- Nombre de messages : 73852
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Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Je viens de mater Take Shelter de Jeff Nichols ...
Take Shelter est un thriller psychologique très sombre et "malaisant" qui nourrit nos appréhensions et nos peurs, tout en abordant des questions thématiques plus vastes comme l'amour et la famille. Dans Take Shelter, Jeff Nichols évoque la descente tragique de Curtis LaForche (Michael Shannon) dans la folie et la paranoïa. La folie dans le cinéma est un sujet qui m'a toujours fasciné et de tout temps. Alfred Hitchcock l’a prouvé à maintes reprises (Psychose, Fenêtre sur cours, Soupçons, Vertigo, La mort aux trousses ...) et Jeff Nichols suit son exemple avec Take Shelter, un film que le maître du suspense lui-même n'aurait certainement pas renié en son temps. Marqué par les performances de Michael Shannon et Jessica Chastain, la tension monte peu à peu jusqu'à se retrouver au bord du gouffre. C'est une véritable plongée dans un chaos total.
Michael Shannon est un favori des cinéphiles depuis son rôle dans Les Noces rebelles de Sam Mendes (rôle qui lui valu un Oscar), un statut qu'il confirmera plus tard avec le rôle du grand méchant dans La Forme de l'eau de Guillermo del Toro. Mais Michael Shannon c'est aussi et surtout l'acteur favori de Jeff Nichols (Shotgun Stories, Take Shelter, Mud, Midnight Special et Long Way Back Home). Ici dans Take Shelter, Michael Shannon est Curtis LaForche, un ouvrier de chantier installé dans l’Ohio avec sa femme Sam (Jessica Chastain) et leur jeune fille sourde Hannah (Tova Stewart). C'est un père et un mari aimant qui se tue à la tâche pour se permettre l'achat des implants cochléaires et l'opération pour guérir la surdité de sa fille, mais les récentes hallucinations de Curtis vont être à l'origine de nouveaux problèmes.
Dans ses rêves, Curtis a des prémonitions quasi apocalyptique, avec entre autres des tornades, d’étranges formations de vol d’oiseaux, une pluie semblable à de l’huile de moteur qui semble rendre tous ceux qui apparaissent dans ses rêves étrangement violents, y compris son chien qui s'attaque à lui. La paranoïa qui en résulte et les effets physiques occasionnels conduisent Curtis à consulter un médecin, à visiter sa mère en hôpital psychiatrique, mais aussi à agrandir l'abri anti-tornade dans son jardin si ses visions se réalisent.
La question est de savoir si Curtis est une sorte de prophète ou simplement mentalement perturbé et en souffrance psychiques. Jeff Nichols raconte cette histoire en grande partie à travers une série de personnages qui habitent les cauchemars de Curtis et à travers son entourage (son meilleur ami, sa femme, sa fille, son frère et sa mère). Le rythme est lent, mais quelques moments clés vont accélérer le récit, à savoir une scène fascinante dans une cafétaria où Curtis perd le contrôle de ses nerfs et s'en prend violemment à son collègue de travail Dewart (Shea Whigham) qui le croit dément. Le scénario ménage ses effets et nous tient en haleine jusqu'à la toute fin.
Au fur et à mesure que nous en savons plus sur Curtis, notamment sur sa relation avec sa femme Samantha et son meilleur ami/collègue Dewart, nous apprenons quelques détails clés sur ses antécédents médicaux qui éclaircissent la situation. Même avec ces éléments supplémentaires en main, Jeff Nichols ne nous donne jamais la solution aux problèmes de Curtis. C'est à vous de vous faire une idée sur le personnage.
Dans la peau de Curtis, un personnage qui peut paraitre introverti (froid et distant) et aux prises avec des troubles psychiques, Michael Shannon impressionne. C'est un rôle casse gueule pour lui, mais son jeu est très subtil, avec beaucoup de moments de pause. En l'observant on hésite entre la sympathie et le scepticisme. Le mérite revient également à Jeff Nichols pour avoir créé un protagoniste loin de la norme.
Jessica Chastain obtient le rôle de la femme alpha, celle qui a l'âme d'une meneuse dans le couple. Elle est à la fois bienveillante, ouverte et aimante, entièrement motivée par la logique et n’ayant pas peur de la confrontation. Beaucoup s’identifieront davantage à Samantha, ce qui ajoute une couche de complexité (mais aussi de scepticisme) au film, c’est le moins qu’on puisse dire.
Le film s’ouvre sur de grandes questions. Curtis est-il en quelque sorte "à côté de l'esprit" ? La catastrophe imminente est-elle liée à la surdité de leur fille ? La menace d'une crise économique informe-t-elle d’une manière ou d’une autre sur ces événements cataclysmiques imminents ? Que signifient tous ces tropes de films d’horreur, avec les gens qui sont transformé en zombies par la pluie "huile de moteur" dans les rêves de Curtis ? Le schéma se répète à plusieurs reprises et malheureusement ça en devient légèrement prévisible à partir du troisième rêve et le film s'essouffle un peu dans le deuxième acte. Pour un film d'un peu plus de plus de deux heures, il y a peut-être quinze minutes de trop. Mais heureusement (et sans vouloir en dire plus), la fin est parfaite et hautement satisfaisante (simple et ambiguë).
Take Shelter offre une étude de personnage fascinante, bien qu’il mette parfois votre patience à rude épreuve. Il montre qu'un homme qui lutte contre la folie, peut résonner avec tous nos soucis du quotidien. Nous vivons une époque incertaine et ceux qui continuent de croire aveuglément que tout ira bien, sont peut-être les plus fous d’entre nous.
Take Shelter est un thriller psychologique très sombre et "malaisant" qui nourrit nos appréhensions et nos peurs, tout en abordant des questions thématiques plus vastes comme l'amour et la famille. Dans Take Shelter, Jeff Nichols évoque la descente tragique de Curtis LaForche (Michael Shannon) dans la folie et la paranoïa. La folie dans le cinéma est un sujet qui m'a toujours fasciné et de tout temps. Alfred Hitchcock l’a prouvé à maintes reprises (Psychose, Fenêtre sur cours, Soupçons, Vertigo, La mort aux trousses ...) et Jeff Nichols suit son exemple avec Take Shelter, un film que le maître du suspense lui-même n'aurait certainement pas renié en son temps. Marqué par les performances de Michael Shannon et Jessica Chastain, la tension monte peu à peu jusqu'à se retrouver au bord du gouffre. C'est une véritable plongée dans un chaos total.
Michael Shannon est un favori des cinéphiles depuis son rôle dans Les Noces rebelles de Sam Mendes (rôle qui lui valu un Oscar), un statut qu'il confirmera plus tard avec le rôle du grand méchant dans La Forme de l'eau de Guillermo del Toro. Mais Michael Shannon c'est aussi et surtout l'acteur favori de Jeff Nichols (Shotgun Stories, Take Shelter, Mud, Midnight Special et Long Way Back Home). Ici dans Take Shelter, Michael Shannon est Curtis LaForche, un ouvrier de chantier installé dans l’Ohio avec sa femme Sam (Jessica Chastain) et leur jeune fille sourde Hannah (Tova Stewart). C'est un père et un mari aimant qui se tue à la tâche pour se permettre l'achat des implants cochléaires et l'opération pour guérir la surdité de sa fille, mais les récentes hallucinations de Curtis vont être à l'origine de nouveaux problèmes.
Dans ses rêves, Curtis a des prémonitions quasi apocalyptique, avec entre autres des tornades, d’étranges formations de vol d’oiseaux, une pluie semblable à de l’huile de moteur qui semble rendre tous ceux qui apparaissent dans ses rêves étrangement violents, y compris son chien qui s'attaque à lui. La paranoïa qui en résulte et les effets physiques occasionnels conduisent Curtis à consulter un médecin, à visiter sa mère en hôpital psychiatrique, mais aussi à agrandir l'abri anti-tornade dans son jardin si ses visions se réalisent.
La question est de savoir si Curtis est une sorte de prophète ou simplement mentalement perturbé et en souffrance psychiques. Jeff Nichols raconte cette histoire en grande partie à travers une série de personnages qui habitent les cauchemars de Curtis et à travers son entourage (son meilleur ami, sa femme, sa fille, son frère et sa mère). Le rythme est lent, mais quelques moments clés vont accélérer le récit, à savoir une scène fascinante dans une cafétaria où Curtis perd le contrôle de ses nerfs et s'en prend violemment à son collègue de travail Dewart (Shea Whigham) qui le croit dément. Le scénario ménage ses effets et nous tient en haleine jusqu'à la toute fin.
Au fur et à mesure que nous en savons plus sur Curtis, notamment sur sa relation avec sa femme Samantha et son meilleur ami/collègue Dewart, nous apprenons quelques détails clés sur ses antécédents médicaux qui éclaircissent la situation. Même avec ces éléments supplémentaires en main, Jeff Nichols ne nous donne jamais la solution aux problèmes de Curtis. C'est à vous de vous faire une idée sur le personnage.
Dans la peau de Curtis, un personnage qui peut paraitre introverti (froid et distant) et aux prises avec des troubles psychiques, Michael Shannon impressionne. C'est un rôle casse gueule pour lui, mais son jeu est très subtil, avec beaucoup de moments de pause. En l'observant on hésite entre la sympathie et le scepticisme. Le mérite revient également à Jeff Nichols pour avoir créé un protagoniste loin de la norme.
Jessica Chastain obtient le rôle de la femme alpha, celle qui a l'âme d'une meneuse dans le couple. Elle est à la fois bienveillante, ouverte et aimante, entièrement motivée par la logique et n’ayant pas peur de la confrontation. Beaucoup s’identifieront davantage à Samantha, ce qui ajoute une couche de complexité (mais aussi de scepticisme) au film, c’est le moins qu’on puisse dire.
Le film s’ouvre sur de grandes questions. Curtis est-il en quelque sorte "à côté de l'esprit" ? La catastrophe imminente est-elle liée à la surdité de leur fille ? La menace d'une crise économique informe-t-elle d’une manière ou d’une autre sur ces événements cataclysmiques imminents ? Que signifient tous ces tropes de films d’horreur, avec les gens qui sont transformé en zombies par la pluie "huile de moteur" dans les rêves de Curtis ? Le schéma se répète à plusieurs reprises et malheureusement ça en devient légèrement prévisible à partir du troisième rêve et le film s'essouffle un peu dans le deuxième acte. Pour un film d'un peu plus de plus de deux heures, il y a peut-être quinze minutes de trop. Mais heureusement (et sans vouloir en dire plus), la fin est parfaite et hautement satisfaisante (simple et ambiguë).
Take Shelter offre une étude de personnage fascinante, bien qu’il mette parfois votre patience à rude épreuve. Il montre qu'un homme qui lutte contre la folie, peut résonner avec tous nos soucis du quotidien. Nous vivons une époque incertaine et ceux qui continuent de croire aveuglément que tout ira bien, sont peut-être les plus fous d’entre nous.
lessthantod- Docteur Chef de Service ***
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Localisation : Ô Toulouuuse
Date d'inscription : 28/07/2009
Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Je viens de mater L'île aux chiens de Wes Anderson ....
J’aime beaucoup les films de Wes Anderson et les films d’animation en stop-motion. L'Île aux chiens ne pouvait donc que me plaire ! On est immédiatement plongé sans l’univers de Wes Anderson, avec ces décors stylisés fourmillant de détails, dans un monde carré, droit et symétrique. Sur le fond et sur la forme, c’est un film 100% "wesandersonien". Quant à l’animation en stop-motion, elle est magnifique. Le scénario et les dialogues sont très bons et cerise sur le gâteau, y'a des chiens !
Au japon, dans la ville de Megasaki, le maire Kobayashi a banni tous les chiens sur Trash Island, craignant une épidémie de grippe canine. Le scientifique Watanabe insiste sur le fait qu’il y aura bientôt un remède, mais personne n'en tient compte. le jeune Atari Kobayashi s’envole vers l’île à la recherche de son chien Spots. Il est assisté de cinq chiens qui ont voté à l'unanimité (ou presque) pour l’aider à trouver Spots. Le chien errant Chief est le seul à voter non, car il refuse d’avoir un maître. Ils partent à la recherche de Spots, tandis que le maire amoureux des chats planifie la solution finale pour exterminer tous les chiens.
Tous ces chiens, qu'est-ce que c'est mignon-tout-plein, qu'est-ce que c'est beau ... mais qu'est-ce que c'est perturbant aussi ! L'Île aux chiens c'est l'opposition absolue entre la forme et le fond. Autant la forme est de toute beauté, autant le fond est très sombre. Tous ces chiens sont tellement attachants. Leur déportation sur l'île nous amène forcément à nous interroger sur la relation que nous entretenons avec les chiens et plus largement avec les animaux, tels que la maltraitance, l'expérimentations animales à des fins scientifique et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants.
L'Île aux chiens peut aussi être vu comme une allégorie sur le traitement inhumain qui est réservé aux migrants, dont la population du pays "d'accueil" ne veulent pas. On peut évoquer le rejet des migrants, mais aussi des minorités qui sont discriminées (socialement et économiquement), voire même condamnés à une ségrégation (sociale et spatiale). Comment ne pas penser aux ghettos juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, à l'apartheid raciale en Afrique du Sud ou encore aux minorités de la population japonaise encore exclues aujourd'hui. Comme illustré dans le film, certains politiciens corrompus utilisent sans vergogne la peur et la propagande pour étouffer la voix des scientifiques ou des opposants et pour leur faire accepter certaines idées ou doctrines douteuses.
Il y a bien sûr ce japon regorgeant de traditions magnifiques que Wes Anderson met à l'honneur, mais en contraste il y a aussi ce futur froid, pollué que nous sommes en train de construire pour les générations futures. Wes Anderson nous offre une fable humaine et écologiste, un film très beau et très émouvant qui soulève bien plus de questions qu'il n'y paraît au premier abord. Par ailleurs, il met l'accent sur l'importance du langage et le besoin de vivre ensemble. Quel que soit sa langue (anglais, japonais, aboiements ...), l'important c'est de communiquer et de vivre ensemble.
Tout comme pour Fantastic Mr. Fox, le film est d'abord et avant tout un film pour les enfants et les grands enfants (comme moi). Les films d'animations ne sont pas que pour les enfant, mais je crois qu'il faut tout de même garder un œil d'enfant pour apprécier pleinement ce film. Il y a beaucoup de séquences très naïves et amusantes, comme le chien Oracle qui a des visions (il regarde la télé des humains) et qui se tourne vers la caméra avec son air ébahi ou encore la chouette et ses hululements.
J'ai beaucoup aimé L'Île aux chiens, mais c'est tellement puissant sur la forme, qu'on perd un peu en émotions. Depuis À bord du Darjeeling Limited, ses films sont incroyables d'un point de vue technique et artistique (décors, mise en scène et découpage des plans), mais le fond l'est un peu moins. A son début de carrière (Rushmore, La Famille Tenenbaum et La vie Aquatique), c'était l'inverse, des films peut-être moins aboutis visuellement, mais beaucoup plus forts émotionnellement.
Même si j’ai beaucoup aimé L'Île aux chiens, sa mise en scène très structurée et implacable me fatigue à la longue. En live-action, je peux m’impliquer avec les acteurs, mais en stop-motion je me sens moins connecté à ces figures artificielles. Quand on découvre les premiers plans en stop-motion du film et la mise en scène toujours plus inventive, on ne peut qu'être émerveillé, mais le style "Wesandersonien" m’use légèrement sur la fin. Toujours est-il que c’est tellement mignon-tout-plein et drôle, que je lui pardonne son maniérisme exacerbé.
J’aime beaucoup les films de Wes Anderson et les films d’animation en stop-motion. L'Île aux chiens ne pouvait donc que me plaire ! On est immédiatement plongé sans l’univers de Wes Anderson, avec ces décors stylisés fourmillant de détails, dans un monde carré, droit et symétrique. Sur le fond et sur la forme, c’est un film 100% "wesandersonien". Quant à l’animation en stop-motion, elle est magnifique. Le scénario et les dialogues sont très bons et cerise sur le gâteau, y'a des chiens !
Au japon, dans la ville de Megasaki, le maire Kobayashi a banni tous les chiens sur Trash Island, craignant une épidémie de grippe canine. Le scientifique Watanabe insiste sur le fait qu’il y aura bientôt un remède, mais personne n'en tient compte. le jeune Atari Kobayashi s’envole vers l’île à la recherche de son chien Spots. Il est assisté de cinq chiens qui ont voté à l'unanimité (ou presque) pour l’aider à trouver Spots. Le chien errant Chief est le seul à voter non, car il refuse d’avoir un maître. Ils partent à la recherche de Spots, tandis que le maire amoureux des chats planifie la solution finale pour exterminer tous les chiens.
Tous ces chiens, qu'est-ce que c'est mignon-tout-plein, qu'est-ce que c'est beau ... mais qu'est-ce que c'est perturbant aussi ! L'Île aux chiens c'est l'opposition absolue entre la forme et le fond. Autant la forme est de toute beauté, autant le fond est très sombre. Tous ces chiens sont tellement attachants. Leur déportation sur l'île nous amène forcément à nous interroger sur la relation que nous entretenons avec les chiens et plus largement avec les animaux, tels que la maltraitance, l'expérimentations animales à des fins scientifique et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants.
L'Île aux chiens peut aussi être vu comme une allégorie sur le traitement inhumain qui est réservé aux migrants, dont la population du pays "d'accueil" ne veulent pas. On peut évoquer le rejet des migrants, mais aussi des minorités qui sont discriminées (socialement et économiquement), voire même condamnés à une ségrégation (sociale et spatiale). Comment ne pas penser aux ghettos juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, à l'apartheid raciale en Afrique du Sud ou encore aux minorités de la population japonaise encore exclues aujourd'hui. Comme illustré dans le film, certains politiciens corrompus utilisent sans vergogne la peur et la propagande pour étouffer la voix des scientifiques ou des opposants et pour leur faire accepter certaines idées ou doctrines douteuses.
Il y a bien sûr ce japon regorgeant de traditions magnifiques que Wes Anderson met à l'honneur, mais en contraste il y a aussi ce futur froid, pollué que nous sommes en train de construire pour les générations futures. Wes Anderson nous offre une fable humaine et écologiste, un film très beau et très émouvant qui soulève bien plus de questions qu'il n'y paraît au premier abord. Par ailleurs, il met l'accent sur l'importance du langage et le besoin de vivre ensemble. Quel que soit sa langue (anglais, japonais, aboiements ...), l'important c'est de communiquer et de vivre ensemble.
Tout comme pour Fantastic Mr. Fox, le film est d'abord et avant tout un film pour les enfants et les grands enfants (comme moi). Les films d'animations ne sont pas que pour les enfant, mais je crois qu'il faut tout de même garder un œil d'enfant pour apprécier pleinement ce film. Il y a beaucoup de séquences très naïves et amusantes, comme le chien Oracle qui a des visions (il regarde la télé des humains) et qui se tourne vers la caméra avec son air ébahi ou encore la chouette et ses hululements.
J'ai beaucoup aimé L'Île aux chiens, mais c'est tellement puissant sur la forme, qu'on perd un peu en émotions. Depuis À bord du Darjeeling Limited, ses films sont incroyables d'un point de vue technique et artistique (décors, mise en scène et découpage des plans), mais le fond l'est un peu moins. A son début de carrière (Rushmore, La Famille Tenenbaum et La vie Aquatique), c'était l'inverse, des films peut-être moins aboutis visuellement, mais beaucoup plus forts émotionnellement.
Même si j’ai beaucoup aimé L'Île aux chiens, sa mise en scène très structurée et implacable me fatigue à la longue. En live-action, je peux m’impliquer avec les acteurs, mais en stop-motion je me sens moins connecté à ces figures artificielles. Quand on découvre les premiers plans en stop-motion du film et la mise en scène toujours plus inventive, on ne peut qu'être émerveillé, mais le style "Wesandersonien" m’use légèrement sur la fin. Toujours est-il que c’est tellement mignon-tout-plein et drôle, que je lui pardonne son maniérisme exacerbé.
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Date d'inscription : 28/07/2009
Re: JE VIENS DE MATER UN FILM !
Je viens de mater Wonder Wheel de Woody Allen ....
Wonder Wheel de Woody Allen raconte les désillusions, les souffrances, les illusions et enfin le crime de Giny (Kate Winslet), un personnage pathétique, actrice ratée, femme passée à côté de son premier amour à cause d'un adultère. Elle est convaincue d'avoir raté sa vie et va profondément tomber amoureuse de Mickey (Justin Timberlake), un bel homme et un beau parleur, qui plus est, plus jeune qu'elle. Alors qu'elle mettait tous ses espoirs en lui, Mickey va peu à peu aimer sa belle fille Carolina (Juno Temple) et elle va en devenir mortellement jalouse, au point de commettre l'irréparable.
Wonder Wheel m'a particulièrement touché, très certainement le Woody Allen le plus touchant depuis Blue Jasmin. Kate Winslet y incarne Ginny, une femme dépassée par les événements, torturée et submergée par les émotions. C'est un personnage extrêmement complexe, une femme secouée par les montagnes russes émotionnelles (les hauts succèdent aux bas). Giny est lunatique, erratique et donc difficile à cerner. Comme pour le personnage incarné par Cate Blanchett dans Blue Jasmine, c'est une femme qui est piégée dans une vie malheureuse et qui est au bord de la rupture. Kate Winslet est fabuleuse dans son interprétation et donne l’une de ses meilleures performances depuis bien longtemps. Sa voix, sa diction, ses expressions, ses temps de pose, tout son jeu colle parfaitement au personnage qu'elle interprète ... Kate Winslet est Giny.
On est tous d'accord pour dire que les meilleurs films de Woody Allen appartiennent à la fin des années 70 (Manhattan et Annie Hall) et se poursuivent dans les années 80 (Stardust Memories, La rose pourpre du Caire, Hannah et ses sœurs, Une autre femme ...). Quant à Wonder Wheel, c'est selon moi l'un des meilleurs Woody Allen des ces 20 dernières années (avec Anything Else, Match Point, Whatever Works, Blue Jasmine et L'Homme Irrationnel) même si on est encore loin du niveau de ses chef d'œuvres des années 70/80.
J'ai lu des critiques reprochant au film d'être trop théâtral, mais pour moi ce n'est pas un défaut et de toute façon je n'adhère pas trop à cette idée. Les seuls qui renvoient franchement au théâtre, c'est le très bon Comédie érotique d'une nuit d'été (même le titre renvoie à Shakespeare), le assez moyen Maudite Aphrodite (un Woody Allen pas très inspiré) et le surprenant Melinda et Melinda (l'un de ses films les plus sous-estimés). Peut-être Manhattan et La rose pourpre du Caire aussi, ont en quelque sorte une pointe de théâtralité, avec ses couples qui se défont et se refont pour le premier et le film dans le film pour le second.
Kate Winslet est l'une de mes actrices préférées, si ce n'est mon actrice préférée, c'est donc une immense joie pour moi de la voir jouer dans un Woody Allen. Giny est l'un des personnages féminins les plus forts et les plus réussis de son cinéma (depuis Jasmine, en fait !) et la lumière de Vittorio Storaro est sublime. Kate Winslet et Vittorio Storaro sont clairement les deux gros points forts du film.
Si le jeu de Kate Winslet est très subtil, je ne pourrais pas en dire autant des autres acteurs. Le jeu de Kate Winslet est très réaliste, c'est ce qui nous rattache au personnage, tandis que tout l'enrobage du film est plus théâtral. Nous avons Mickey (Justin Timberlake) qui occasionnellement brise le quatrième mur, le décor de l'appartement avec vue sur le parc d'attraction qui sent le carton-pâte et les acteurs qui surjouent un peu. Et puis il y a Giny qui se rêve actrice et qui dans la scène finale se retrouve en costume de scène, alors que Justin Timberlake lui lance son accusation (une scène hallucinante qui nous rappelle forcément Gloria Desmond dans Sunset Boulevard).
La théâtralité de l'ensemble est considérablement renforcée par la lumière de Vittorio Storaro, qui est très appuyée et hautement symbolique. La lumière est chaude (le rouge) quand un personnage tombe amoureux et froide (bleuté) quand celui-ci est en pleine désillusion. C'est particulièrement flagrant dans deux scènes, celle de la rencontre entre Kate Winslet et Justin Timberlake, sous le pont en bois près de la plage et celle de l'échange entre Juno Temple et Kate Winslet, dans la chambre de cette dernière le soir de son anniversaire.
Cette mise en abyme émotionnelle et existentielle des personnages peut paraître un peu "too much" (et avec de nombreux sous-textes), mais moi justement j'ai beaucoup aimé le côté théâtre, décors, lumière et jeu des acteurs. Ce Woody Allen là divise pas mal, mais il serait dommage de passer à côté si vous êtes fan du réalisateur éminemment New-Yorkais.
Wonder Wheel de Woody Allen raconte les désillusions, les souffrances, les illusions et enfin le crime de Giny (Kate Winslet), un personnage pathétique, actrice ratée, femme passée à côté de son premier amour à cause d'un adultère. Elle est convaincue d'avoir raté sa vie et va profondément tomber amoureuse de Mickey (Justin Timberlake), un bel homme et un beau parleur, qui plus est, plus jeune qu'elle. Alors qu'elle mettait tous ses espoirs en lui, Mickey va peu à peu aimer sa belle fille Carolina (Juno Temple) et elle va en devenir mortellement jalouse, au point de commettre l'irréparable.
Wonder Wheel m'a particulièrement touché, très certainement le Woody Allen le plus touchant depuis Blue Jasmin. Kate Winslet y incarne Ginny, une femme dépassée par les événements, torturée et submergée par les émotions. C'est un personnage extrêmement complexe, une femme secouée par les montagnes russes émotionnelles (les hauts succèdent aux bas). Giny est lunatique, erratique et donc difficile à cerner. Comme pour le personnage incarné par Cate Blanchett dans Blue Jasmine, c'est une femme qui est piégée dans une vie malheureuse et qui est au bord de la rupture. Kate Winslet est fabuleuse dans son interprétation et donne l’une de ses meilleures performances depuis bien longtemps. Sa voix, sa diction, ses expressions, ses temps de pose, tout son jeu colle parfaitement au personnage qu'elle interprète ... Kate Winslet est Giny.
On est tous d'accord pour dire que les meilleurs films de Woody Allen appartiennent à la fin des années 70 (Manhattan et Annie Hall) et se poursuivent dans les années 80 (Stardust Memories, La rose pourpre du Caire, Hannah et ses sœurs, Une autre femme ...). Quant à Wonder Wheel, c'est selon moi l'un des meilleurs Woody Allen des ces 20 dernières années (avec Anything Else, Match Point, Whatever Works, Blue Jasmine et L'Homme Irrationnel) même si on est encore loin du niveau de ses chef d'œuvres des années 70/80.
J'ai lu des critiques reprochant au film d'être trop théâtral, mais pour moi ce n'est pas un défaut et de toute façon je n'adhère pas trop à cette idée. Les seuls qui renvoient franchement au théâtre, c'est le très bon Comédie érotique d'une nuit d'été (même le titre renvoie à Shakespeare), le assez moyen Maudite Aphrodite (un Woody Allen pas très inspiré) et le surprenant Melinda et Melinda (l'un de ses films les plus sous-estimés). Peut-être Manhattan et La rose pourpre du Caire aussi, ont en quelque sorte une pointe de théâtralité, avec ses couples qui se défont et se refont pour le premier et le film dans le film pour le second.
Kate Winslet est l'une de mes actrices préférées, si ce n'est mon actrice préférée, c'est donc une immense joie pour moi de la voir jouer dans un Woody Allen. Giny est l'un des personnages féminins les plus forts et les plus réussis de son cinéma (depuis Jasmine, en fait !) et la lumière de Vittorio Storaro est sublime. Kate Winslet et Vittorio Storaro sont clairement les deux gros points forts du film.
Si le jeu de Kate Winslet est très subtil, je ne pourrais pas en dire autant des autres acteurs. Le jeu de Kate Winslet est très réaliste, c'est ce qui nous rattache au personnage, tandis que tout l'enrobage du film est plus théâtral. Nous avons Mickey (Justin Timberlake) qui occasionnellement brise le quatrième mur, le décor de l'appartement avec vue sur le parc d'attraction qui sent le carton-pâte et les acteurs qui surjouent un peu. Et puis il y a Giny qui se rêve actrice et qui dans la scène finale se retrouve en costume de scène, alors que Justin Timberlake lui lance son accusation (une scène hallucinante qui nous rappelle forcément Gloria Desmond dans Sunset Boulevard).
La théâtralité de l'ensemble est considérablement renforcée par la lumière de Vittorio Storaro, qui est très appuyée et hautement symbolique. La lumière est chaude (le rouge) quand un personnage tombe amoureux et froide (bleuté) quand celui-ci est en pleine désillusion. C'est particulièrement flagrant dans deux scènes, celle de la rencontre entre Kate Winslet et Justin Timberlake, sous le pont en bois près de la plage et celle de l'échange entre Juno Temple et Kate Winslet, dans la chambre de cette dernière le soir de son anniversaire.
Cette mise en abyme émotionnelle et existentielle des personnages peut paraître un peu "too much" (et avec de nombreux sous-textes), mais moi justement j'ai beaucoup aimé le côté théâtre, décors, lumière et jeu des acteurs. Ce Woody Allen là divise pas mal, mais il serait dommage de passer à côté si vous êtes fan du réalisateur éminemment New-Yorkais.
Dernière édition par lessthantod le Jeu 15 Juin 2023 - 20:44, édité 1 fois
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